Cet article date de plus de sept ans.

C'est dans ma tête. La souffrance animale

Des employés de l’abattoir du Vigan, qui avaient été filmés à leur insu, alors qu’ils infligeaient des sévices à des animaux, ont été jugés.

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un abattoir en Haute-Vienne (PASCAL LACHENAUD / MAXPPP)

  Des employés de l’abattoir du Vigan ont donc été jugés pour des violences infligées à des animaux. Pour la psychanalyste Claude Halmos, c'est une décision importante. 

Ce procès me semble très important

Claude Halmos

Parce que je pense – et je ne suis pas la seule – que le degré de civilisation d’une société se mesure à la façon dont elle traite les plus faibles.

Quand vous parlez des plus faibles, vous parlez aussi des animaux ?

Je crois que, à ce niveau, il faudrait dépasser la distinction animaux-humains, et parler plutôt d’êtres vivants susceptibles de souffrir. Les animaux sont des êtres vivants, on sait qu’ils peuvent souffrir. A partir de là, il faut leur éviter la souffrance : la souffrance lorsqu’on les met à mort. Et bien sûr les souffrances que l’on peut leur infliger ne les maltraitant.

Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il faudrait dépasser la distinction animaux- humains ?

Ce que m’a appris, et m’apprend tous les jours mon travail auprès des adultes et des enfants. Quand on écoute des hommes et des femmes qui ont pu, sciemment et consciemment, en faire souffrir d’autres, on se rend compte qu’il y a certainement, chez tous les humains, une possibilité d’accomplir de tels actes.
Mais que cette possibilité ne peut se développer qu’en fonction de ce qu’ils vivent (dans l’enfance et plus tard). C’est à dire en fonction de l’éducation qu’ils reçoivent (ou non), de la façon dont on les traite, et des exemples de vie qu’on leur donne. Et on se rend compte que le rapport aux animaux est, à ce niveau, très important.

Le rapport aux animaux est important

L’idée que l’autre peut souffrir n’est pas innée, elle est acquise par l’éducation. Et c’est particulièrement vrai quand il s’agit du rapport à l’animal. Pour un enfant de 2 ou 3 ans, par exemple, le chat de la maison est une sorte de jouet. Et un jouet particulièrement intéressant parce qu’il bouge et il miaule. Donc l’enfant peut très bien le malmener comme il malmènerait une peluche, pour provoquer des réactions qu’il trouve très rigolotes : il peut le serrer trop fort, lui tirer la queue etc…
Il faut donc lui expliquer que le chat n’est pas un jouet, mais un animal vivant qui peut, tout comme lui, avoir mal. Et lui interdire très fermement de le brutaliser.

Apprendre aux enfants à ne pas brutaliser les animaux

C’est essentiel. Et il faut se souvenir de ce qu’a dit, au procès, l’un des accusés qui avait infligé des décharges électriques à un mouton. Il a dit qu’il "s’amusait"…L’interdit est essentiel parce que le jeu de l’enfant est, au début, innocent. Mais si on le laisse le poursuivre, il peut finir par sentir, intuitivement la souffrance de l’animal. Et, peu à peu, prendre inconsciemment du plaisir, non pas à provoquer chez l’animal, une simple réaction, mais de la souffrance.
Et c’est pareil s’il s’agit de jeux cruels avec les insectes par exemple. Ils peuvent empêcher l’enfant d’accéder à l’empathie, y compris à l’égard des humains. Et même lui donner le goût de la cruauté.

On a beaucoup mis en cause, pour expliquer les actes de ces employés des abattoirs, leurs conditions de travail….On a eu raison d’en parler car ce sont souvent des conditions tout à fait insupportables. Mais je ne crois pas qu’elles soient la cause des maltraitances infligées aux animaux. Ces causes tiennent certainement, d’une part à l’histoire personnelle de ces employés et d’autre part à l’influence de notre société, qui ne respecte toujours pas les animaux comme elle le devrait. 

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