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C'est dans ma tête. Le refus de l'avortement

Les Irlandais ont dit "oui" à  à la légalisation de l’IVG lors d’un référendum, mais même dans les pays où l'avortement est légal, l'accès à l'IVG est souvent difficile. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation anti-avortement, le 12 mai 2018 à Dublin, en Irlande.  (GETTY IMAGES)

L’Irlande a dit oui, lors d'un referendum le 25 mai 2018, à la libéralisation de l’avortement. Mais on sait que, même dans les pays où la loi l’autorise, l’accès à l’avortement est souvent très difficile pour les femmes.     

Claude Halmos se penche sur ce refus de l'avortement, qui porte en lui l'idée de la liberté des femmes.                

Comment expliquer que l’avortement suscite autant d’opposition ? 

Je crois que les forces politiques et religieuses qui s’opposent à l’avortement trouvent, chez les gens qu’elles rallient à leurs thèses, des points d’appui très importants.   

Les arguments des opposants à l'IVG

En premier lieu, les fantasmes et les peurs que peut susciter l’idée de liberté.  La liberté entendue au sens de pouvoir s’autoriser à vivre en ne réprimant pas ses désirs, et en n’étant pas puni pour eux (à condition, bien sûr, qu’ils ne contreviennent pas à la loi), est quelque chose qui effraie beaucoup de gens. Notamment parce qu’on leur a souvent fait croire que cela pouvait mener à un monde dépourvu de limites, et donc très angoissant. Or, l’avortement pose la question de la liberté des femmes, mais aussi celle de tous les êtres -hommes ou femmes- par rapport, non seulement à la sexualité, mais  à tous leurs choix de vie : le désir d’être -ou non- parent est pris en compte.        

Y a-t-il d'autres raisons que la liberté des femmes ?

Oui. L’opposition à l’avortement s’appuie aussi sur le fait que l’on méconnait que la conception d’un enfant est un acte à deux dimensions. La conception a une dimension réelle : un enfant naît de la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde. Mais elle a également une dimension symbolique. Parce qu’un enfant nait aussi du désir que ses parents -qu’ils soient ou non ses parents biologiques- ont, de l’avoir. Désir qui sera la base du sentiment qu’il aura de sa valeur.

Poser, en refusant l’avortement, qu’un enfant, parce qu’il a été conçu dans la réalité, devrait venir au monde, même si aucun de ses parents n’est en mesure de désirer son existence, c’est oublier que l’on risque de le priver d’un point d’appui, essentiel à sa construction. Et de ce point de vue, il faudrait pouvoir considérer que refuser de faire naître un enfant dans ces conditions est, par rapport à lui, un acte tout à fait responsable.    

Pourtant, l'image véhiculée de l'avortement est souvent négative

Bien sûr. Parce que l’idée que les femmes soient en droit d’avoir, comme les hommes, une sexualité, fait encore grincer beaucoup de dents. Mais surtout parce que l’on imagine que l’avortement serait, pour elles, une solution de facilité. Or l’avortement, même s’il se passe dans de bonnes conditions, est toujours pour une femme une épreuve psychologique très importante et très douloureuse. Notamment parce que la grossesse, interrompue dans le corps, ne disparaît pas pour autant du psychisme.

Des femmes, par exemple, peuvent, à la date où elles auraient dû accoucher, rêver de l’enfant dont elles ont dû avorter. Vouloir ajouter à cette souffrance, l’angoisse et les dangers des avortements clandestins, est donc particulièrement inhumain.  

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