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C'est dans ma tête. Les parents et leurs enfants face au danger de la radicalisation

La deuxième semaine du procès de cinq femmes djihadistes se termine devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Cinq femmes qui avaient tenté - sans y parvenir - en septembre 2016, de faire exploser à Paris, près de Notre Dame, une voiture remplie d’explosifs.

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Une voiture contenant plusieurs bonbonnes de gaz a été retrouvée dans la nuit de samedi 3 au dimanche 4 septembre 2016, à proximité de la cathédrale Notre-Dame à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le procès des "bonbonnes de Notre-Dame se termine. Il s'est ouvert le 22 septembre dernier devant la Cour d'assises spéciale de Paris. En septembre 2016, cinq femmes avaient vainement tenté de faire exploser six bonbonnes de gaz dans une voiture stationnée à proximité de la cathédrale Notre-Dame de Paris et des terrasses de café bondées.

L'occasion de revenir avec la psychanalyste Claude Halmos sur le problème de la radicalisation des jeunes gens, et sur le sentiment d’impuissance qu’éprouvent, par rapport à ce danger, de nombreux adultes, et surtout de nombreux parents.

franceinfo : Ce sentiment d'impuissance des parents et des adultes, vous semble-t-il justifié ?


Claude Halmos : La radicalisation est évidemment un problème complexe, qui pose des questions spécifiques. Mais elle est aussi, plus simplement, pour des jeunes qui vont mal, un moyen de se donner l’illusion qu’ils vont résoudre tous leurs problèmes.


Si les adultes le comprennent, cela leur permet d’essayer de cerner la souffrance de leurs enfants, ou des jeunes dont ils s’occupent ; de la confronter à ce que racontent les recruteurs de Daech. D’en déduire sur quoi ces recruteurs peuvent jouer, pour les faire tomber dans le piège. Et de pouvoir, à partir de là, combattre leur influence.


Que peut-on dire de la souffrance des jeunes qui se radicalisent ?


Elle est particulière à chaque cas, mais le fait qu’elles les mènent à se radicaliser prouve qu’elle est très profonde et très ancienne : la gravité d’une dérive est toujours proportionnelle à l’importance des problèmes qui lui ont donné naissance.
Elle s’est souvent manifestée à l’adolescence ; période difficile, parce qu’elle oblige à affronter des bouleversements dans le corps, les émotions, la sexualité, le rapport aux autres…

Parce qu’elle fait vaciller tout ce qui n’a pas été bien construit depuis l’enfance, en matière d’identité, de filiation, de transmission des racines… Et parce qu’elle est, pour l’adolescent qui veut s’approprier sa vie, le moment de questions existentielles (sur le sens de cette vie, la mort, le bien, le mal), qui peuvent le fragiliser, bien au-delà de l’enfance.

Et les recruteurs jouent sur cette vulnérabilité ?

Bien sûr. Les recruteurs jouent, comme tous les séducteurs pervers, sur la vulnérabilité de ces jeunes. Ils jouent sur leur crédulité, (due au fait que, trop souvent, l’école ne leur a pas suffisamment appris à penser) et surtout sur leur solitude. Parce que quand on cherche, sur internet, des réponses à ses questions, c’est que l’on n’a trouvé personne, dans sa vie, à qui les poser.

Ils leur font croire qu’ils les comprennent. Ils leur proposent une explication globale du monde qui peut, comme ils sont dans l’errance et l’incertitude, leur sembler rassurante. Ils leur désignent des ennemis, sur lesquels ils peuvent projeter le ressentiment qu’ils ont, par rapport à ce qui les entoure. Et une croisade au nom d’un supposé "bien", qui en masque la violence.

Et surtout ils leur donnent l’illusion d’avoir une place, un rôle à jouer, et une importance. Autant de choses que notre société ne leur donne pas.
Expliquer, en famille et à l’école, tout cela à des jeunes, et en discuter avec eux, c’est leur donner le moyen de réfléchir, et donc de résister au danger.

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