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C'est dans ma tête. Réinventer la fête de Noël

À dix jours de la fête de Noël, les enfants sont heureux d'attendre le Père Noël mais beaucoup de parents s'inquiètent, au vu des difficultés sociales, de ne pas pouvoir leur offrir ce qu'ils désirent. L'éclairage et les suggestions de la psychanalyste Claude Halmos. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cette année, la fête de Noël tant attendue par petits et grands, prend une coloration différente avec la situation sociale.  (MAXPPP)

Nous sommes, aujourd’hui, à dix jours de Noël. Les enfants attendent le Père Noël, et de nombreux adultes se réjouissent de retrouver leurs proches, pour partager avec eux des moments festifs.  

Pourtant, dans notre pays, l’ambiance, du fait de la situation sociale, n’est pas précisément, en ce moment, à la fête. On sait que la perspective de Noël est difficile pour beaucoup de parents qui ne pourront pas offrir à leurs enfants ce qu’ils voudraient, et qui se le reprochent.

franceinfo : Comment aborder, dans ces conditions sociales difficiles, cette fête ?    

Claude Halmos : Je crois que la situation actuelle peut nous donner l’occasion de repenser la conception que nous avons de la fête de Noël. Les fêtes sont, traditionnellement, des moments de rupture avec la modération qu’impose, le reste du temps, le quotidien. Et Noël est depuis longtemps considéré, indépendamment de sa signification religieuse, comme une fête de la consommation, et même de la profusion. 

Or, cette consommation excessive est aujourd’hui remise en cause par les difficultés économiques, mais aussi par de nouvelles façons d’envisager la vie. Et ce n’est pas une mauvaise chose.    

Mais n’est-ce pas difficile pour les enfants, dont beaucoup font de très longues lettres au père Noël ?    

Les enfants ont souvent servi d’alibi à la profusion, avec l’idée qu’elle les rendrait heureux, ce qui est faux. Les enfants, petits, sont dominés par le "tout" : ils voudraient tout avoir, comme ils voudraient être tout, pour ceux qu’ils aiment. Mais, leur donner tout ce qu’ils demandent, ne les rend jamais heureux.  

D’abord parce qu’ils ont alors trop, pour pouvoir s’investir dans une chose, et y prendre plaisir. Ensuite parce que, persuadés qu’ils pourraient avoir encore plus, ils sont en permanence frustrés. Et enfin, parce que l’abondance (de jouets, par exemple) se fait souvent au détriment de la dimension de surprise, de merveilleux, et de rêve, dont l’enfant a besoin.    

Donc les parents ne devraient pas se sentir coupables de ne pas offrir à leurs enfants tout ce qu’ils demandent ?  

Si ses parents expliquent à un enfant qu’ils l’aiment, mais qu’ils ne pourront pas lui donner tout ce qu’il demande, parce que ce serait trop onéreux, ou parce que cela n’aurait aucun sens, il peut le comprendre. Et, passée la déception immédiate, cela peut même être positif pour lui.  

Revoir sa liste, pour y choisir ce qu’il préfère, lui apprend à réfléchir à ce qu’il veut vraiment. Tenir compte du prix des choses, l’initie aux réalités de l’existence. Et savoir que certaines de ses demandes sont contraires à l’écologie par exemple, lui montre qu’il existe, dans la vie, d’autres valeurs que la consommation à outrance. Autant de leçons de vie, dont il se souviendra, et qui pourront lui être utiles, plus tard.  

Et l’on peut aussi, à Noël, lui apprendre la solidarité. En allant, par exemple avec lui, donner, ce que l’on peut, à une association qui aide les familles en difficulté. Avoir le droit de devenir, de cette façon, l’assistant du Père Noël, c’est, pour un enfant, un cadeau qui n’a pas de prix…        

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