C'est dans ma tête. Retrouver la vie normale : un bonheur pas toujours simple
Nous vivons depuis quelques jours, depuis mercredi 9 juin, la dernière phase du déconfinement. Beaucoup de gens néanmoins, l’abordent avec crainte car ils redoutent les regroupements, et la contamination. Décryptage avec la psychanalyste Claude Halmos.
Depuis mercredi 9 juin, nous vivons la dernière phase du déconfinement. Les restaurants, les salles de sports, les lieux de culture ont rouvert, et ce retour à la vie est un soulagement pour tout le monde. Mais beaucoup de gens néanmoins, l’abordent avec crainte car ils redoutent les regroupements, et la contamination ; et c’est d’autant plus difficile à vivre pour eux que leur entourage leur reproche souvent leurs craintes.
franceinfo : Comment faire pour que tous, adultes et enfants, nous puissions profiter, sans crainte, de tout ce que nous retrouvons ?
Claude Halmos : La première chose qu’il faut dire à ceux qui s’inquiètent, est que leur peur est légitime, parce qu’elle est en accord avec la réalité : le Covid n’a pas disparu. Et qu’elle est de plus utile parce qu’elle les aide à rester prudents, et à ne pas céder à la tentation du relâchement par rapport aux gestes barrières, qui est compréhensible (parce qu’elle est liée à l’envie que nous aurions tous d’en finir avec toutes les contraintes qui nous font violence depuis un an), mais qui serait dangereuse. Il faut donc seulement faire en sorte que cette peur n’empêche pas de vivre.
Comment faire pour avoir moins peur ?
Quand quelqu’un souffre d’une peur qui n’est pas justifiée par la réalité, il faut chercher ce qu’il projetterait, sans le savoir, sur cette réalité, pour la rendre aussi inquiétante. Mais quand une peur est liée à un danger réel, il ne s’agit pas de chercher des choses dans sa tête. Il s’agit de trouver des moyens d’action réels pour faire disparaître ce danger, ou du moins s’en protéger. Or on peut se protéger du Covid.
Et il est important, pour avoir moins peur, non seulement de se le dire, mais de le faire. Se donner comme discipline de respecter les gestes barrières permet de ne pas se sentir apeuré et impuissant mais conscient, agissant, et doté d’un pouvoir sur les choses. Et il est particulièrement important de l’expliquer aux enfants. Savoir qu’ils ont une prise sur la réalité est toujours pour eux très rassurant.
Comment se préserver de la peur que peuvent nous inspirer les autres ?
L’attitude des autres est très importante parce qu’elle peut faire passer de la peur, normale et légitime, à l’impression, très angoissante, et très invalidante, que le monde extérieur est dangereux. Et la solution n’est pas facile à trouver, parce qu’elle dépend d’eux. Même si l’on est d’un naturel particulièrement "zen", on ne peut pas le rester, face à des gens qui se conduisent comme si le risque n’existait plus.
Il faudrait donc que la prise en charge de la sécurité soit collective, que chacun soit soucieux de sa protection et de celle des autres. Et s’autorise aussi à défendre ses convictions en matière de protection, et à en discuter avec ceux qu’il estime imprudents. C’est un dialogue qui n’est pas facile à instaurer, mais qui est le seul moyen d’éviter (dans ce domaine comme dans d’autres, d’ailleurs) de considérer ceux avec lesquels on n’est pas d’accord comme des ennemis que l’on ne pourrait que fuir…..ou abattre.
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