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C'est dans ma tête. "RichMeetBeautiful" : le procès d'un site qui incitait à la prostitution

Un homme d'affaire norvégien a été condamné cette semaine en Belgique à six mois de prison avec sursis pour "incitation à la prostitution". Son site proposait à des jeunes femmes de se faire entretenir par de vieux messieurs fortunés. Pourquoi ce type de prostitution peut-il fasciner des jeunes femmes ? Les explications de Claude Halmos.

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le patron du site "RichMeetBeautiful" a été condamné à six mois de prison avec sursis.  (BELGA / AFP / CAMILLE DELANNOIS)

Un homme d'affaires norvégien Sigurd Vedal a été condamné mercredi par le tribunal correctionnel de Bruxelles à une peine de six mois de prison avec sursis. Son site, "RichMeetBeautiful" proposait à des étudiantes de 18 à 26 ans, dénommées "Sugar Babies", de se faire entretenir par des messieurs âgés et riches dénommés, eux, "Sugar Daddies".

franceinfo : Au-delà de ce cas, nous aimerions revenir avec vous, Claude Halmos, sur ce qui peut amener des jeunes filles, ou des jeunes femmes, à ce type de prostitution.      

Claude Halmos : Plusieurs raisons peuvent expliquer que des jeunes femmes cèdent à ce type de chant des sirènes. La première peut être évidemment l’argent ; dont ces jeunes femmes peuvent avoir un réel besoin. Mais qui peut aussi, même si elles n’en ont pas vraiment besoin, les fasciner, parce qu’elles ne sont pas assez solides pour résister au piège du luxe qu’on leur présente partout. Mais y céder suppose aussi qu’elles aient un rapport particulier à elles-mêmes, et à leur corps. 

Que voulez-vous dire ?

Le rapport qui lie un être humain à son corps, et à sa sexualité, est l’une des choses qui lui permet de se sentir exister, et constitue de ce fait, le plus intime de lui-même. Il peut donc partager cet intime avec un autre, par amour, ou par désir. Mais le vendre, implique qu’il en fasse un objet, qu’il va comme détacher de lui-même ; et relève donc, sur le plan psychologique, d’une opération très particulière, qui suppose qu’il ait eu une histoire personnelle, elle aussi, très particulière.

Et quand on écoute des jeunes filles qui ont accepté ce type de prostitution, on se rend compte que, généralement, leur corps n’a été traité dans leur enfance, ni avec suffisamment de respect, pour qu’elles puissent comprendre qu’il a une valeur - et doit être respecté, par elles-mêmes, et par les autre -,  ni avec suffisamment d’amour, pour qu’elles puissent elles-mêmes, l’aimer.

Et que, de surcroît, des traumatismes sexuels, dont elles n’ont pas forcément le souvenir conscient, sont parfois venus casser le rapport qu’elles avaient à elles-mêmes, et les transformer en objets sexuels. Ce qu’elles reproduisent ensuite, sans le savoir, en se prostituant. Et en trouvant même, dans certains cas, cela tout à fait satisfaisant.            

Comment peut-on aider ces jeunes femmes ?      

Il faut d’abord, pour les aider, sortir de l’indignation morale, et surtout de la vision simpliste qui conduit à les juger. Parce qu’avant d’être des coupables, elles sont des victimes.

Elles ont besoin qu’on leur redonne des repères, parce qu’elles ont souvent vécu dans des familles où, quel que soit le milieu social, tous les repères étaient flous. Mais elles ont besoin surtout qu’on les aide à construire le lien à elles-mêmes, et l’estime d’elles–mêmes dont l’absence leur a permis d’accepter d’être transformées en marchandises.

Et puis, il est important aussi de faire de la prévention, en aidant les parents à comprendre que, les émotions et les sensations des enfants étant plus intenses, et surtout plus fragiles encore que celles des adultes, il est nécessaire de respecter particulièrement leurs personnes, et leurs corps.                                        

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