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Les adolescents face au complotisme

Plus de huit adolescents sur dix croient, au moins, à une théorie du complot. On parle ici des 10 à 15 ans. Une étude récente montre que ces jeunes adhèrent au moins à l'une des ces théories fumeuses. Quelles sont les raisons qui poussent ces ados vers le complotisme ? Le décryptage de la psychanalyste Claude Halmos. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un jeune manifestant lors d'une manifestation anti-masque. (Illustration) (DAVID HIMBERT / HANS LUCAS VIA AFP)

Une étude sur l’attitude des adolescents face aux théories complotistes, réalisée par l’Institut CSA pour Milan Presse, a été publiée la semaine dernière. Elle montre que 85% d’entre eux croient vraie au moins l’une de ces théories. Et l’importance de ce pourcentage fait évidemment réfléchir.

franceinfo : Comment pensez-vous que l’on puisse l’expliquer ? Et comment aider ces adolescents ? 

Claude Halmos : Parmi les raisons qui poussent ces adolescents vers le complotisme, certaines sont sans doute les mêmes que les adultes : l’influence des réseaux sociaux, et le sentiment de supériorité que procure l’adhésion à ces théories.

Une supériorité acquise à peu de frais (puisque l’on peut se croire, sans avoir rien étudié, plus savant que les scientifiques). Mais qui tente aussi de compenser un sentiment d’infériorité, toujours très destructeur. Il est souvent lié, chez les adultes, à une absence de reconnaissance sociale ; et il se double, chez les adolescents, d’un sentiment – générateur de révolte – de ne pas être reconnus dans leurs familles.

Et l’adhésion aux théories complotistes peut être une façon d’exprimer cette révolte. De dire aux adultes : vos idées sont fausses, vous vous trompez, et vous nous trompez. Votre monde, on n’en veut  plus !

Quelles conséquences cette adhésion aux théories complotistes, peut-elle avoir sur les adolescents ?

Elle peut avoir des conséquences très graves. S’engager pour la planète et le climat, c’est un engagement positif : il s’appuie sur des données exactes, il donne une prise sur les choses, et il va dans le sens de l’avenir, et de la vie.

Mais croire que la science ment, que des organisations secrètes contrôlent le monde, et que l’État manipule les citoyens, c’est s’identifier à l’image d’un être méprisé et persécuté, dans un monde mensonger. Et se mettre dans une position de défiance généralisée qui, compte tenu de la fragilité de l’adolescence, peut conduire à un sentiment d’impuissance désespérant, et lourd de conséquences.

Et l’étude le montre : 9 sur 10 des adolescents interrogés pensent que les informations peuvent être déformées. Mais 69% d’entre eux ne cherchent jamais, pour autant, à les vérifier. Peut-être par paresse, mais peut-être aussi du fait de ce sentiment d’impuissance.

Comment peut-on les aider ?

Il faudrait que leurs parents les aident à réfléchir. Leurs parents, les adolescents le disent, sont leur première source d’information (avec, en seconde position, la télévision pour les 10/13 ans, et les réseaux sociaux pour les plus de 13 ans). Mais il faudrait qu’ils commencent à parler de tout cela avec leurs enfants, beaucoup plus tôt qu’ils ne le font. En sachant qu’ils ne vont pas les inquiéter, mais au contraire, les aider.

Un enfant peut entendre parler à tout moment, à l’école, dans la rue ou dans les transports, de l’actualité. S’il a l’habitude d’en discuter avec ses parents, il leur posera des questions ; sinon, il n’osera pas. Il cherchera des explications ailleurs, et cela fera de lui une proie pour les réseaux.

Donc, dès 6 ans, l’entrée à la "grande école", on parle en famille, de l’actualité !

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