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Les enfants face au procès de Nordahl Lelandais

La réclusion criminelle à perpétuité pour Nordahl Lelandais, c'est le verdict rendu ce vendredi 18 février par la cour d'assises de l'Isère, c'est donc la peine la plus lourde que prévoit notre droit pour l'assassin de la petite Maëlys, en août 2017. Une affaire hors du commun. Comment en parler aux enfants ? 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Après 13 jours d'audience pour le procès de Nordahl Lelandais, la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans, a été requise par l'avocat général Jacques Dallest le jeudi 17 février 2022 pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de la petite Maëlys ainsi que l'agression sexuelle de deux petites-cousines durant l'été 2017.  (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

L'histoire de la petite Maëlys, enlevée et assassinée durant l'été 2017, bouleverse évidemment les adultes. Le procès de Nordahl Lelandais vient de se conclure hier, vendredi 18 février, avec le verdict de la cour d'assises de l'Isère : réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassin de Maëlys – la peine la plus lourde que prévoit notre droit. Comment aider les enfants qui entendent parler de cette affaire hors du commun ? Le décryptage de la psychanalyste Claude Halmos 

franceinfo : Quelles peuvent être les réactions des enfants, qui entendent parler  de cette histoire et de ce procès ? Que faut-il leur en dire ? Comment les aider ?     

Claude Halmos : La première chose qu’il faut rappeler, comme toujours, c’est que nous sommes à une époque où, même si les parents auraient parfois envie de le faire, il est impossible de cacher l’actualité aux enfants : ils peuvent en entendre parler dans tous les lieux publics, et par leurs copains à l’école.

Donc, quand quelque chose, dans cette actualité, est susceptible de les bouleverser, il faut prendre les devants, et leur en parler. Cela permet que ce qu’ils pourront apprendre ensuite ne les cueille pas "à froid", comme l’on dit, et surtout qu’ils osent venir poser les questions qu’ils auront à poser.                        

Comment peut-on parler d’une histoire aussi horrible à un enfant ?    

On peut lui dire simplement qu’il s’est passé une chose qui fait peur, et dont il peut entendre parler, et que l’on va la lui expliquer, pour qu’il soit au courant. Et ensuite il faut lui dire les faits. Sans les minimiser, pour qu’il n’ait pas l’impression, s’il en entend parler au dehors, qu’on lui en a caché une partie ; et sans les édulcorer.

Mais en se souvenant qu’un enfant se fabrique toujours des images à partir de ce qu’on lui dit. Et qu’il faut donc éviter tous les détails scabreux, ou même trop précis, qui pourraient lui permettre de transformer l’information en film obsédant.               

Mais, même sans donner de détails horribles, est-ce qu’il n’y a pas le risque que l’enfant se mette à avoir peur des monstres ?                

Les crimes dont les victimes sont des enfants sont évidemment les plus à même de susciter, chez les enfants, les fantasmes les plus déstabilisants. Et c’est pour cela d’ailleurs qu’ils ont besoin de sentir que leurs parents sont là, à leurs côtés, pour s’interposer entre l’horreur et eux, et les en protéger.

Mais le meilleur moyen pour qu’un enfant ne se mette pas à croire aux monstres c’est de lui expliquer que les monstres n’existent que dans les films et les livres, et pas "pour de vrai". Mais que de vraies personnes peuvent faire, dans la vraie vie, "pour de vrai" des choses monstrueuses.

Parce que, quand elles étaient petites, on ne leur a pas appris ce qui était permis, et ce qui était interdit, ou pas empêché de faire ce qui est interdit. Ou parce qu’on a fait sur elles trop de choses interdites. C’est la réalité : personne ne naît assassin. Et cela permet en outre de rappeler à l’enfant les interdits essentiels (du meurtre, de l’inceste, de la sexualité entre adultes et enfants). Et aussi la prudence, et le danger de suivre des inconnus.

Tout cela n’est pas facile à entendre pour un enfant, mais, si ses parents l’entourent, et l’accompagnent, il ne sera pas traumatisé. Alors qu’il le sera toujours par des révélations extérieures auxquelles il n’aura pas été préparé.        

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