Dépister le cancer de la vessie grâce à un simple test urinaire
C'est l'espoir né d'une recherche internationale en partie réalisée en France. Le dépistage et le suivi du cancer de la vessie pourraient être métamorphosés par l'identification de marqueurs présents dans l'urine.
Il existe des programmes de dépistage des cancers du sein et colon mais il n'en existe pas pour le cancer de la vessie. Cela pourrait changer grâce à un outil diagnostic très simple : un test urinaire. Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.
franceinfo : Une équipe française est au cœur de cette recherche prometteuse ?
Géraldine Zamansky : Tout à fait, il s’agit de l’équipe du Dr Florence Le Calvez-Kelm, de l’Agence internationale de recherche contre le cancer à Lyon. Ils ont réussi à montrer qu’on pourrait trouver dans l’urine un signal d’alerte très précoce du cancer de la vessie. Ce signal d’alerte, c’est ce qu’on appelle un biomarqueur. C’est-à-dire une molécule très souvent présente dans ces tumeurs. Et en passant dans la vessie au contact des cellules cancéreuses, l’urine "attrape" ce biomarqueur.
Florence Le Calvez-Kelm m’a expliqué qu’ils en avaient ainsi trouvé chez 87% des patients diagnostiqués classiquement ! Ensuite, des collègues iraniens ont cherché ce marqueur dans des échantillons d’urine donnés au début d’une recherche par des milliers de patients suivis pendant plus de 15 ans. Et il était déjà présent jusqu’à 10 ans avant l’identification d’un cancer de la vessie !
Donc un simple test urinaire pourrait permettre de détecter ce cancer à un stade très précoce ?
C’est l’idée de ces deux équipes qui espèrent ainsi réduire la mortalité liée au cancer de la vessie souvent diagnostiqué trop tard. Son symptôme principal, c’est la présence de sang dans l’urine, mais il peut aussi provoquer des envies fréquentes par exemple. Donc il ne faut pas hésiter à consulter. Surtout si la cigarette est ou a été dans votre vie.
Car on parle plus souvent des poumons mais la vessie aussi est mise en danger par le tabac. Florence Le Calvez-Kelm m’a expliqué que ce test urinaire serait justement très utile pour les fumeurs. Et pour les personnes exposées à d’autres substances toxiques dans leur environnement professionnel par exemple.
Ce test permettrait d’organiser un dépistage pour ces groupes à risque ? Il n’existe pas aujourd’hui ?
Pour l’instant, ce dépistage ciblé est freiné parce que pour vraiment diagnostiquer un cancer de la vessie, il faut en examiner l’intérieur avec une caméra. Alors il s’agit d’une toute petite caméra placée au bout d’un câble fin et souple. Mais elle doit quand même passer par les voies urinaires. C’est une cystoscopie réalisée sous anesthésie locale par un urologue.
On préfère vraiment remplir d’urine le fameux petit pot en plastique… Et si on se place du côté des autorités sanitaires, cela coûte beaucoup moins cher. En plus, le test urinaire pourrait aussi servir à remplacer cet examen vidéo pour la surveillance des patients déjà traités dont le risque de rechute est important. C’est en cours d’évaluation par l’équipe lyonnaise. On espère des résultats positifs pour faciliter le suivi des patients et leur victoire face au cancer de la vessie.
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