Et si notre état de santé se traduisait… dans nos yeux ?
Dépister la maladie d’Alzheimer et des risques d’infarctus à partir de photographies de la rétine, et ce grâce à l'intelligence artificielle, ce sera possible dans les années à venir. Une première étude de la faculté de médecine de Hong-Kong et des chercheurs de l'université St George à Londres ont enregistré des résultats encourageants.
Des équipes de chercheurs ont montré cette semaine que l’on pourrait dépister la maladie d’Alzheimer et des risques d’infarctus en photographiant la rétine. Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, et chaque samedi sur franceinfo.
franceinfo : De quoi s'agit-il concrètement Géraldine ?
Géraldine Zamansky : La première étude vient de la faculté de médecine de Hong-Kong et son auteur principal, Carol Cheung, m’a expliqué comment ils avaient créé une intelligence artificielle, capable de détecter la maladie d’Alzheimer à partir de photographies de la rétine. Il était déjà connu que cette pathologie était associée à des déformations de cette membrane qui tapisse le fond de l’œil. Ils ont donc fourni des milliers de photos de rétines de personnes atteintes d’Alzheimer à leur algorithme. Résultat : il arrive à faire le diagnostic dans plus 80% des cas.
Cela serait beaucoup plus simple que les méthodes de diagnostic actuelles ?
Oui c’est sûr ! Aujourd’hui, il faut en général associer des tests de mémoire, des prélèvements difficiles et parfois même un scanner. Alors que là, si vous êtes allé récemment chez un ophtalmologue, vous connaissez déjà le type de machine nécessaire, un rétinographe. En quelques minutes, votre rétine est photographiée. Il suffirait ensuite de montrer les clichés à l’intelligence artificielle de Carol Cheung, pour avoir un diagnostic sur la santé de votre rétine bien sûr, et aussi celle de votre cerveau. Mais la chercheuse m’a précisé qu’ils doivent confirmer leurs résultats avec des personnes à des stades précoces de la maladie.
Et à partir des mêmes photos, une autre équipe est capable d’identifier un risque d’infarctus ou d’AVC ?
Oui, c’est l’équipe d’Alicja Rudnicka, de l’Université St George à Londres. Leur point de départ, c’est que les très petits vaisseaux de la rétine reflètent l’état des autres vaisseaux du corps. Elle me l’a résumé simplement : s’ils sont trop étroits et sinueux par exemple, c’est mauvais signe. Ils ont donc eux aussi créé une intelligence artificielle, à partir des photos de rétines des plus 88 000 volontaires, suivis pendant des années, dans l’incroyable Biobank britannique. Ils ont rajouté les facteurs de risques connus comme le tabagisme ou l’hypertension.
Et ça marche. Leur système identifie les personnes les plus menacées par un infarctus ou un AVC, les principales causes de décès liées à la mauvaise santé des artères. Comme c’est une recherche publique, leur algorithme est gratuit. Alors Alicja Rudnicka espère que cela ne prendra pas trop de temps de créer un lien numérique sécurisé, entre le réseau de dépistage par rétinographe et les médecins généralistes qui prendront en charge les patients classés en "alerte rouge".
>>> Les études
- Les recherches de l’équipe d’Alicja Rudnicka, de l’Université St George à Londres, dans le British Journal of Ophtalmology.
- L'article publié dans The Lancet concernant les travaux de la chinoise Carol Cheung
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