Pourquoi il faut vacciner garçons et filles contre le papillomavirus

La campagne gratuite de vaccination contre le papillomavirus au collège va reprendre avec la rentrée.
Article rédigé par Géraldine Zamansky
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
En Alsace, un infirmier vaccine un jeune collégien contre le papillomavirus, en 2023. (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Une étude argentine renforce des soupçons concernant un lien entre le papillomavirus et des problèmes d’infertilité et surrisques de cancer chez les hommes touchés. Le point avec Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Face au papillomavirus, les garçons sont donc autant à risque que les filles ?

Géraldine Zamansky : Ces résultats vont, en tout cas, contribuer à réduire l’écart entre les taux de vaccination des filles et des garçons. Il faut dire que cette protection contre le papillomavirus est recommandée pour elles depuis plus de 15 ans et pour eux seulement depuis 2021. Entre 11 et 14 ans, avant les premiers rapports sexuels qui transmettent ce virus, il faut vacciner contre ce virus qui provoque de nombreux risques, le plus connu est le cancer féminin du col de l’utérus mais le virus est aussi impliqué dans des cancers touchant les hommes. Cette étude argentine contribue à en éclairer les mécanismes. Elle montre un lien potentiel avec une atteinte de la fertilité masculine. C’est ce qu'explique Virginia Rivero, au cœur de cette recherche à l’Université nationale de Cordoba en Argentine. Son équipe a examiné des prélèvements de sperme réalisés par 205 patients d’une clinique d’urologie.

Leurs analyses ont montré une mauvaise fertilité ?

Les chercheurs ont trouvé un lien entre la présence des papillomavirus les plus dangereux (HPV16), contre lesquels protège le vaccin, et un plus grand nombre de spermatozoïdes morts. Mais ils n’ont pas pu suivre les patients sur la durée pour savoir s’il y avait un impact sur leur fertilité comme le précise Virginia Rivero. Son équipe insiste, bien sûr, pour poursuivre ce type de recherche avec un plus grand nombre de prélèvements. Pareil pour l’autre partie de leurs résultats qui concerne cette fois un dérèglement immunitaire. C’est-à-dire une quantité plus faible de certaines défenses impliquées dans la lutte contre les infections mais aussi contre les cancers.

Est-ce un nouvel éclairage sur les risques de cancers masculins ?

Oui puisqu’une des menaces associées est le cancer du pénis. Les cas sont rares, comme le souligne le professeur François Desgrandchamps, chef du service d’urologie à l’Hôpital Saint-Louis à Paris. Ils sont souvent diagnostiqués très tard, trop tard. Alors, même si cette étude n’est pas décisive, il convient d’inciter à la vaccination des garçons, sachant qu’elle les protège au moins des cancers ORL (sur lesquels l’acteur Michael Douglas a sonné l’alerte). Elle évite surtout la propagation des pires papillomavirus. Vacciner filles et garçons met donc à l’abri toute une génération. Ce qu’ont sans doute réussi les Australiens depuis 2007 en constatant une diminution des infections et des lésions précancéreuses chez les jeunes femmes vaccinées à l’adolescence.

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