Syndrome de l’intestin irritable : le régime alimentaire plus efficace que les médicaments
Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, nous parle aujourd’hui d’une nouvelle étude qui révèle qu’un régime alimentaire est plus efficace que la prise de médicaments pour soulager le syndrome de l’intestin irritable, un trouble fonctionnel chronique du tube digestif, fréquent.
franceinfo : Ce syndrome se manifeste par des douleurs abdominales et des troubles du transit ?
Martin Ducret : Oui, dans cette étude publiée dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology, près de 300 patients souffrant de cette maladie digestive ont été répartis dans 3 groupes. Le premier groupe de patients a bénéficié pendant 1 mois d’un régime alimentaire pauvre en FODMAP, c’est-à-dire faible en aliments, à fort pouvoir de fermentation dans l’intestin comme le blé, les oignons ou encore le chocolat.
Le deuxième groupe a bénéficié d’un régime pauvre en sucres, mais riche en protéines, graisses, et fibres, c'est-à-dire en viandes, poissons, œufs et légumes. Enfin, le dernier groupe n’a pas eu de régime mais des médicaments en cas de symptômes : des antidiarrhéiques, des antispasmodiques en cas de douleurs ou de ballonnements, des laxatifs en cas de constipation.
Au final, les patients des deux groupes traités par régime ont eu une réduction de la sévérité de leurs symptômes de plus de 70%, contre 58% pour les patients traités par médicaments.
Un régime alimentaire serait donc le traitement à proposer en première intention, à un patient souffrant du syndrome de l’intestin irritable ?
"Oui, m’a confirmé le Pr Frank Zerbib, chef du service d'hépato-gastro-entérologie au CHU de Bordeaux. Cette étude démontre qu’un régime alimentaire donne de meilleurs résultats que les médicaments.” Un régime devrait donc être conseillé en première intention aux patients qui présentent toujours des symptômes gênants, malgré l’adoption d’habitudes de vie saine : manger équilibré, lentement, et à heures fixes, limiter l’alcool et le café, pratiquer une activité physique régulière, avoir une durée de sommeil suffisante et éviter le stress.
La mise en place d’un tel régime nécessite un encadrement par un gastro-entérologue ou un diététicien spécialisé ?
"Oui c’est impératif, m’a signalé le Pr Zerbib. Le régime pauvre en FODMAP, par exemple, est difficile à mettre en œuvre car beaucoup d’aliments sont exclus. De plus, ce régime peut être responsable de carence sur le long terme." Il doit donc être temporaire, pas plus de 6 semaines. Le patient va ensuite progressivement réintroduire les aliments exclus, et consommera seulement ceux qu’il tolère.
Pour avoir plus d’informations sur la prise en charge de cette maladie et savoir quel professionnel de santé consulter, je conseille aux auditeurs le site de l’association des patients souffrants du syndrome de l’intestin irritable.
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