Une anomalie qui rend la digestion difficile : l'impossibilité de "roter"
C'est une maladie qui n’avait même pas de nom jusqu’en 2019. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, nous parle aujourd'hui de cette anomalie digestive qui peut-être un véritable handicap en société, et bien sûr chez soi.
franceinfo : Il s’agit d'une anomalie qui rend toujours la digestion difficile, même en dehors des fêtes : l’impossibilité d’éructer ou de roter ?
Exactement, c'est un blocage au niveau du pharynx qui peut empêcher de roter. Et en fait, c’est vraiment difficile à vivre. Une véritable cause d’anxiété et de dépression, pour près de 80% des personnes touchées, qui ont participé à l’étude américaine, publiée cette semaine.
Pour mieux comprendre, quand nous mangeons, surtout si nous parlons en même temps, de l'air entre aussi dans notre tube digestif. Pareil, avec les bulles d'une boisson gazeuse. Le problème, c’est que notre estomac a un volume limité. Alors il doit se débarrasser de l'air qui ressort normalement par la bouche – c’est le rot. Mais cela suppose qu’un muscle du pharynx se relâche, pour laisser le passage. Et chez ces personnes, il est trop contracté.
Qu’est-ce que cela entraîne de si perturbant ? Il semblerait plutôt pratique d’être débarrassé du risque d’éructer, à la radio par exemple ?
Ces bulles d’air qui circulent n’importe comment, entre l’estomac et l’œsophage sont désagréables. Mais surtout, elles provoquent des bruits assez spectaculaires souvent extrêmement gênants, comme me l’a expliqué le premier auteur de cette étude, Jason Chen, de la Faculté de médecine Texas Tech. Car il est lui-même concerné, et il m’a par exemple raconté le silence d’une salle d’examen, interrompu par un bruit de gargouillement, impossible à contrôler.
Et j’ai pu l’imaginer, grâce au Dr Robert Bastian, le médecin qui, en 2019, a donné un nom à ce trouble : le dysfonctionnement cricopharyngé rétrograde. Il partage sur son site internet des enregistrements de patients. Et là, en ce début de week-end festif, nous évitons. Mais certains bruits peuvent provoquer des réactions difficiles.
C’est pour ça que Jason Chen a fait cette étude ? Pour rendre les gens plus compréhensifs, et mieux faire connaître ce problème ?
Absolument. Car son enquête révèle aussi à quel point les personnes touchées se heurtent souvent à la méconnaissance du corps médical. Pourtant, des solutions existent. La principale piste, c’est l’injection de toxine botulique. Là, nous sommes loin de son usage contre les rides du front. Il s’agit de forcer le muscle du pharynx à se décontracter.
Jason Chen n’a pas encore essayé. Peut-être qu’il s’inclura dans sa prochaine étude, consacrée à l’évaluation des différents traitements disponibles. Mais il va peut-être d’abord terminer ses études de médecine. Et oui, ce premier auteur d’une publication scientifique n’est pas encore diplômé. Il rêve d’être gastro-entérologue.
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