C'est mon boulot. Jugement pour les quatre salariés barbus licenciés
Un jugement très attendu jeudi, celui que doit rendre le conseil des prud'hommes de Bobigny sur le cas de quatre agents de sécurité à l'aéroport d'Orly. Ils ont été licenciés pour avoir porté une barbe trop longue.
Le conseil des prud'hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis) doit se prononcer jeudi 11 janvier sur le cas de quatre agents de sécurité à l'aéroport d'Orly, licenciés pour avoir porté une barbe trop longue. Le jugement est très attendu parce qu'il a été déjà été reporté, preuve de l'embarras des juges. L'affaire est sensible : l'interdiction des signes religieux en entreprise agite en effet le monde du travail. Les cas problématiques sont en hausse, d'après l'Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE). Et tout récemment la Cour de cassation, dont les positions s'imposent à tous les juges, a autorisé la possibilité d'interdire tout signe religieux au travail, à partir du moment où les salariés sont en contact avec le public et où le règlement intérieur est clair sur ce point.
L'histoire se déroule au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Elle concerne une vingtaine d'agents de la société Securitas, des employés chargés de surveiller les écrans au passage des bagages sous les portiques de sécurité et de scanner les passagers. Ils sont convoqués par la direction parce que leur barbe est jugée trop longue. Certains acceptent de la tailler ou de la raser. Quatre refusent, ils sont licenciés.
Une discrimination religieuse
Motif : ils n'ont pas respecté le "référentiel vestimentaire", le règlement intérieur de l'entreprise, qui dit que "le visage doit être rasé de près, les boucs, moustaches et les barbes doivent être courts". Pour leur avocat, maître Eric Moutet, il s'agit d'une discrimination religieuse, liée aux attentats : "Ils n'ont pas changé, ils ont tous une ancienneté à peu près de dix ans, ils ont toujours été habillés pareil", et poursuit l'avocat "ils ont toujours eu la barbe taillée de la même façon, donc ce qui fonctionne bien pendant dix ans ne peut pas du jour au lendemain, sous le coup de l'émotion, devenir un comportement répréhensible justifiant un licenciement."
Mission de service public
L'argument qui leur est opposé est que ces agents de sécurité exercent une mission de service public et donc qu'ils sont tenus à une "obligation de neutralité qui découle du principe de laïcité". Les quatre de Securitas demandent 40 000 euros d'indemnité de licenciement et 10 000 euros de dommages et intérêts. Quel que soit le jugement rendu tout à l'heure, il y a fort à parier que la cour d'appel voire ensuite la Cour de cassation soient saisies de l'affaire.
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