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L'industrie textile se remet à embaucher, non sans difficultés

Après quatre décennies de destruction d'emplois, le textile français, tiré par le luxe et le textile technique, retrouve des couleurs.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'entreprise de textile Catry à Roncq (Pas-de-Calais). (MAXPPP)

Toute la semaine Paris accueille les défilés de haute couture. Le textile, notamment tiré par le luxe, se remet à recruter après des années de délocalisations et de destructions d'emploi. Après avoir perdu les deux tiers de ses effectifs salariés entre 1996 et 2015, le secteur du textile français se remet à créer des emplois. 3 000 par an pour les années à venir. Depuis 2016 les recrutements s'amplifient, ce qui fait dire à un responsable du secteur que l'on n'est plus dans la tension sur ce marché de l'emploi, mais bel et bien dans la pénurie. D'autant que les départs à la retraite sont nombreux.

Le luxe y est pour beaucoup. Si la France importe désormais les trois quarts de ses vêtements et de ses chaussures, le luxe relocalise. Quelques exemples, tout récents : Hermès a annoncé en février la construction d'une nouvelle usine dans l'Eure. Vuitton ouvre deux nouveaux ateliers, en Vendée et dans le Maine-et-Loire. Et dans les Vosges, les chaussettes Bleu Forêt, les sacs Tenthorey et les parures de lit Blanc des Vosges font l'impossible pour recruter. Non sans mal.

Le renouveau du textile vient des tissus techniques

Dans l'aéronautique, le médical, les équipements de protection individuelle, le bâtiment, les emballages, les sports et les loisirs, le nouveau textile est partout. Des filets de protection des cultures contre les insectes, de la toile de parapente ou encore ce tissu lumineux qui promet de guérir la jaunisse du nourrisson. La France est le deuxième producteur d'Europe de ces textiles techniques, juste après l'Allemagne. C'est là que les recrutements posent le plus de problèmes. On recherche des ingénieurs, des contrôleurs qualité, des développeurs. Un indicateur de la tension du marché du travail : les étudiants de l'Ensait, l'école d'ingénieurs et d'innovation textile, à Roubaix, ne mettent en moyenne que douze jours pour trouver du travail.

Les industries du secteur s'emparent d'internet pour attirer les candidats. Elles savent que ces décennies de délocalisation ont mis un coup très dur à leur image.
Alors elles ont créé un site unique, frenchtex.org, qui centralise toutes les offres d'emploi de la "French Tex", la filière textile française. Le site présente les métiers, promet que "le textile va vous surprendre" et renvoie sur Youtube, où sont présentés les différents domaines d'application des industries textiles, histoire de faire rêver un peu les jeunes et d'effacer le souvenir des fermetures d'usines. Mais un responsable du secteur reconnaît que cela passera aussi par de meilleures conditions d'accueil de la part des entreprises, et notamment de meilleures rémunérations.

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