Les jeunes, des travailleurs pas comme les autres... mais pas comme on le croit
De plus en plus de travailleurs de la "génération Y" optent pour des métiers qui leur permettent de défendre une cause.
On les fait volontiers passer pour individualistes, peu engagés, rétifs à l'autorité. Ces clichés attachés aux jeunes dans le monde du travail ne résistent pas quand on examine la situation de la "génération Y", selon les résultats d'un colloque qui vient de se tenir à Paris.
C'est vrai que les jeunes ne sont pas des travailleurs comme les autres, mais pas forcément avec les différences que l'on imagine. On les décrit volontiers comme mercenaires, zappeurs, peu fidèles et peu engagés vis à vis de leur employeur mais les entretiens de l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires) ont dressé, au cours de leur colloque, un portrait tout autre. Celui d'une génération qui opte de plus en plus pour un travail militant, comme l'a expliqué Diane Rodet, maîtresse de conférence à l'université Lumière Lyon 2. Un travail qui leur permet de gagner leur vie tout en défendant une cause qui leur est chère. Environnement, alimentation, social, réduction des inégalités, ce sont d'après la chercheuse les "travailleuses et les travailleurs de la production engagée".
La quête d'un travail qui a du sens
Ils sont donc plus nombreux parmi les jeunes, en tout cas parmi les moins de 35 ans. Ce sont majoritairement des femmes, diplômées, pour qui le travail doit permettre d'articuler convictions et rémunération. Ils sont prêts à faire des sacrifices sur leur rémunération. Ces jeunes engagés sont plus nombreux dans l'économie sociale et solidaire, un secteur qui regroupe associations, fondations, coopératives et mutuelles et qui représente 10% des emplois en France. Selon la chercheuse, ils recherchent dès le début de leur vie professionnelle un travail qui a du sens ou le trouvent après une première expérience décevante.
Autre caractéristique des jeunes au travail, l'intégration de l'incertitude. Un jeune actif de moins de 24 ans sur cinq est au chômage. Pour eux, il est acquis que l'avenir est incertain. Chômage de masse, contrats plus courts, statuts moins protecteurs, il y a un sentiment de déclassement qui est intériorisé, disent les chercheur de l'Ires. Le développement de l'auto-entrepreneuriat par exemple, avec les livreurs à vélo et le chauffeurs de VTC, induit chez les jeunes un nouveau rapport au travail, plus précaire. Pour la sociologue Dominique Meda, "les jeunes travailleurs doivent vivre dans le court terme. Ils doivent dessiner eux-mêmes leur trajectoire professionnelle". Et donc, ils n'ont pas la même loyauté envers l'employeur, ce que les travailleurs plus âgés interprêtent comme un déficit de motivation.
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