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Plus de bruit, plus d'intensité : les risques au travail ont évolué

L'étude Sumer, publiée tous les sept ans, dresse une nouvelle cartographie des risques au travail.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Même les cadres et les professions intellectuelles souffrent du bruit. En cause : les bureaux en open space (MARLENE AWAAD / MAXPPP)

Souffrez-vous du bruit au travail ? Votre rythme de travail est-il soumis à des contraintes extérieures ? Avez-vous le sentiment qu'on vous en demande plus ? Si vous répondez oui à toutes ces questions, vous êtes dans la tendance. Une tendance qui n'est pas dictée par quelque bureau de style, mais qui ressort d'une étude menée seulement tous les sept ans. Elle consiste à interroger 1 200 médecins du travail qui ont épluché plus de 25 000 questionnaires remplis par des salariés pour savoir dans quelles conditions ils travaillent.

Un Français sur trois souffre du bruit au travail

Premier enseignement, le travail s'effectue dans un environnement toujours plus bruyant. Cela vaut pour tous les secteurs d'activité, avec un pic dans la construction. Mais même les cadres et les professions intellectuelles sont désormais concernés par le bruit. En cause, les open space et leur bruit de fond. Près d'un tiers des travailleurs français sont exposés au bruit. Ils n'étaient qu'un peu plus d'un quart en 1994.

D'autres facteurs de risques sont en baisse, en revanche. Ce sont les effets de l'automatisation. On répète moins souvent le même geste. On piétine moins et on reste moins souvent debout pendant de longues périodes. On porte moins des charges lourdes. On est moins contrôlé par un chef mais davantage par une machine, par un logiciel. Dans l'industrie, par exemple, le contrôle effectué par la hiérarchie a baissé de huit points en 23 ans. Et dans le même temps, le contrôle informatisé a gagné 17 points.

Toujours plus, et plus vite

Et du coup, on a l'impression qu'on nous en demande toujours plus. La Dares, l'organisme du ministère du Travail qui publie cette étude, note que les salariés ont le sentiment qu'on leur en demande plus et plus vite. Les deux tiers d'entre eux estiment qu'on leur demande de "travailler très vite". Un chiffre en augmentation de trois points entre 2003 et 2017. Ils sont aussi 35% à juger que leur tâche est excessive. C'est plus quatre points.

Il reste d'autres risques liés au travail, encore très répandus. C'est étonnant en 2019, mais on trouve encore 1,8 million de salariés qui sont exposés à au moins un produit cancérigène. Même si ça baisse légèrement. Une baisse due par exemple à la suppression du perchloroéthylène dans les pressings.
Et il y a aussi les produits chimiques. Pas moins d'un tiers des salariés sont exposés à au moins un produit chimique. Ca baisse dans l'industrie et l'agriculture. La Dares parle d'une prise de conscience dans ces secteurs. Mais ça monte dans les services. Dans des métiers comme les agents de nettoyage, les aides à domicile, les aides ménagères, de plus en plus exposés aux produits chimiques. La France au travail, ça n'est pas qu'en col blanc et en open space.

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