Recruter sans CV, une autre façon de mettre en relation des candidats et des entreprises

La relation humaine, la personnalité des candidats, et le ressenti d'une rencontre sont-ils plus importants qu'un CV aux lignes bien garnies ? Recruter sans références, comment cela se passe-t-il et est-ce efficace ? Sarah Lemoine s'intéresse à un recrutement sans CV mené par Randstad.

franceinfo : Cette opération de recrutement dans un bar, sans CV, est-elle une première ?

Sarah Lemoine : Non. L'opération s'appelle "Öppen". Voilà six ans que Randstad la teste dans des villes, en collaboration avec V and B, une enseigne de bars à vins. La nouvelle session organisée ce mardi est plus ample car elle se déroule simultanément dans 51 villes de 9 régions. À la clef, un peu plus de 4000 postes à pourvoir, dans des secteurs en tension. Le concept est désormais rodé : il s'agit de réunir des entreprises qui recrutent et des personnes à la recherche d’un emploi, dans un cadre convivial, autour d'un verre avec ou sans alcool.

Tout le monde est anonyme, candidat salarié et employeur ?

Oui. L'entretien dure dix minutes. Le recruteur ne dévoile ni le nom de son entreprise, ni les postes dont elle a besoin. Les candidats viennent sans CV. Tout est centré sur la personnalité. "Cela peut matcher sur une énergie, un sourire, un projet, ce que la personne aime faire dans la vie" affirme Sylvain Robillard, de Randstad. Lors d'une opération de ce genre, à Brest, 30% des personnes ont été recontactées ultérieurement et la majorité d'entre elles ont été embauchées, ce qui prouve, selon lui, l'intérêt de cette méthode qui n'est pas axée sur le CV et les diplômes.

Le recrutement sans CV, est-ce que cela se développe ? 

La technique existe depuis longtemps, depuis l’arrivée des job dating et elle se pratique sous différentes formes. Pôle Emploi (devenu France Travail), a par exemple créé la méthode de recrutement par simulation (MRS), où les capacités des candidats sont testées dans une situation de travail. Pour Laurent Arnaud, fondateur de la plateforme "Je ne suis pas un CV", il y a clairement un avant et un après Covid, du fait des difficultés grandissantes des entreprises à recruter.

Ces difficultés ne sont pas liées à des pénuries de compétences, selon lui, mais à des pénuries de candidatures : "Une personne sur deux ne répond plus à une offre d’emploi car elle pense n’avoir aucune chance d’être retenue. La technique du recrutement sans CV peut donner confiance à des personnes qui n’auraient pas postulé par la voie traditionnelle". Cela oblige aussi, explique Alexandre Stourbe du LAB RH, "les entreprises à sortir de leur zone de confort et du traitement standardisé, voir automatisé des candidatures". Tout cela remet l’humain au cœur du processus. Et quand les entreprises se montrent ouvertes et innovantes, c’est bien perçu par les candidats.