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Un mouvement de "grande démission" prend de l’ampleur aux États-Unis... et démarre en France

Le mouvement se confirme et il prend de l’ampleur aux États-Unis. On l’appelle "la grande démission". Des millions de salariés quittent leur poste.  Selon certains chercheurs, nous sommes aussi concernés en France.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une lettre de démission. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Les chiffres donnent le tournis. Les tout derniers sortis : 4,5 millions de salariés qui ont donné leur démission au cours du seul mois de novembre. En juillet quatre millions, en août 4,2 millions, en septembre 4,3 millions et en octobre 4,1 millions. Ce sont des chiffres record, jamais atteints depuis que le gouvernement américain dispose de statistiques sur le sujet. Le phénomène porte désormais un nom, "the great resignation", en français "la grande démission". Des études lui sont consacrées, on en parle dans la presse, mais aussi sur les réseaux sociaux.

C’est une jeune employée de supermarché qui l’a lancé. Elle s'appelle Shana Blackwell et elle a annoncé via les haut-parleurs de son magasin Walmart qu’elle démissionnait. "I quit my job", des dizaines de millions de vues et un mot-clé repris par une foule de salariés. 

@shanablackwell And here is the video of me quitting my toxic, sexist, racist workplace. #walmartchallenge #fyp #viral #walmart #walmarthaul #walmartfindspart1 ♬ original sound - Shana

Le secteur des services a fait la marche en tête. Hôtellerie, loisirs : un million de démissions rien qu’en novembre. Mais le mouvement s’est étendu à d’autres professions, caissières de supermarché, aides-soignants, femmes de ménage... Certains cadres ont suivi, notamment pour quitter les grandes villes et s’installer à l’intérieur des terres. Même les PDG se mettent à démissionner. Une étude a montré que le nombre de démissions de Chiefs executive officers (CEO), comme on dit là-bas, a monté en flèche au premier semestre. Quant aux raisons qui les poussent à partir, elles tiennent à des salaires trop bas, l’envie d’avoir une meilleure mutuelle et d’avoir plus de flexibilité. Et les employeurs, en quête désespérée de main d’oeuvre sont bien obligés de suivre.

En France, le mouvement arrive.  Selon un groupe de chercheurs de l’école de management EM Normandie. Ils notent par exemple une hausse des ruptures conventionnelles. La Dares, l’organisme statistique du ministère du travail, ne dit pas autre chose : elle a bien constaté un niveau élevé de démissions de CDI au cours de l’année passée. Pour Vincent Meyer, l’un de ces chercheurs, le marché du travail s’est retourné. Il est plus facile de quitter son travail car on peut en retrouver un plus facilement. Ajoutez à cela un profond questionnement sur le sens de son travail et de sa vie, nourri par la crise sanitaire, et vous avez tous les ferments d’une "great resignation", d’une grande démission à la française

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