Cet article date de plus de trois ans.

Une application pour lutter contre le sexisme en entreprise

Comment réagissent les salariés quand, dans l'entreprise, il y a des comportements ou des propos sexistes ? Une appli permet de faire le point sur le sujet. Plus de 16 000  personnes ont passé le test proposé. 

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homme regarde avec insistance une femme dans un bureau. Photo d'illustration. (MARLENE AWAAD / MAXPPP)


Meandyoutoo est une appli. Elle a été lancée en octobre 2018. Un auto-test qui permet de savoir si on peut être sujet au sexisme, si on peut soi-même tenir des propos "limites" et comment on réagit quand on est témoin de comportements sexistes. Plus de 16 000 personnes ont passé ce test d'une vingtaine de questions sur des situations de la vie courante en entreprise. C'est par exemple un manager qui dit à l'une de ses collaboratrices que sa robe la met en valeur et que son décoletté est superbe. Comment réagit-on ? On trouve que c'est un compliment et qu'elle devrait être contente ? Ou bien que c'est peut-être un peu déplacé mais que ça partait d'une bonne intention ? Ou encore que ça vaut carrément un carton rouge ?

Des réactions différentes en fonction de l'âge

Des particuliers utilisent cette application, mais aussi des entreprises, pour sensibiliser leurs salariés à ces questions. Elles peuvent par exemple faire passer le test à tous les nouveaux embauchés. Ou l'utiliser à l'occasion de sessions de formation sur le sexisme en entreprise. Meandyoutoo dresse aujourd'hui le bilan de tous ces questionnaires. Une base de données unique en France. Premier point, les réactions sont liées à l'âge. Les 20-35 ans sont ceux qui ont les stéréotypes de genre les moins ancrés. Après, ça monte. Deuxième enseignement, la moitié des répondants ne réagissent pas quand ils sont confrontés au sexisme ordinaire. Des blagounettes ou des propos sexistes sans intention de nuire. 47% sont dans cette posture de témoins passifs. Ils n'interviennent pas soit parce qu'ils minimisent la gravité des propos, soit parce qu'ils ont peur d'être mal jugés par le collectif. Ines Dauvergne, qui est à l'origine de cette appli Meandyoutoo, juge que c'est à l'entreprise de faire passer le message qu'il ne faut pas laisser faire.

À l'inverse dès que le sexisme devient hostile, on se mobilise. Là on passe dans un autre registre. Il s'agit de grossièretés, de refus de travailler avec une femme ou un homosexuel, de propos dégradants. 91% des répondants disent l'identifier et surtout recadrer l'auteur des propos. C'est plus d'ailleurs que dans le grand public, en dehors du monde du travail. Comme si le sexisme hostile était moins tolérable en entreprise que dans la vie privée.

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