Vendanges et canicule : comment mieux protéger la santé des travailleurs face au réchauffement climatique ?

Six saisonniers sont morts l’été dernier, pendant la période des vendanges. Majoritairement des arrêts cardiaques, survenus en période de très forte chaleur. Un électrochoc qui incite la filière à agir avant la prochaine récolte des raisins.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les Vignerons Engagés vont publier en juillet un guide des bonnes pratiques, destiné à toute la profession. (Illustration) (DARDESPOT / E+ / GETTY IMAGES)

La santé des travailleurs face au réchauffement climatique, notamment dans les vignobles français. Après six décès de travailleurs saisonniers l'été dernier pendant les vendanges, durant la canicule, la filière s'est décidée à agir avant la prochaine récolte. 

franceinfo : La mort de ces six travailleurs saisonniers durant les vendanges l'année dernière a provoqué un électrochoc chez les professionnels? 

Sarah Lemoine : "Un coup de tonnerre dans la profession", voilà comment réagit le président des "Vignerons Engagés", Rémi Marlin, quand il évoque les décès des six saisonniers. Un drame qui a poussé son organisation, (à l’origine du premier label RSE du vin), à interroger des vignerons sur le changement climatique, et les conséquences sur la santé. C’était en avril dernier.

Parmi les 263 qui ont répondu, 92% se disent préoccupés. Huit sur dix constatent des risques physiques, quand ils travaillent dans les vignes, en période de forte chaleur. Ils citent les malaises, la déshydratation, une 7baisse de l’attention. Près de quatre sur dix évoquent des risques pour leur santé mentale. Comme l’irritabilité, la difficulté à dormir, et la dépression.

84% estiment que les températures très élevées pourraient être un motif de renoncement des saisonniers à venir travailler, dans un contexte où le rapport au travail a changé. Enfin, un vigneron sur trois se sent inquiet ou nerveux pour son activité. Pour Rémi Marlin, ces résultats démontrent que la prise de conscience est suffisante pour passer à l’action.

Agir, mais comment ?

Les Vignerons Engagés vont publier en juillet un guide des bonnes pratiques, destiné à toute la profession. Au menu : horaires et amplitude de travail, en fonction de la température. Fourniture d’équipements de protection aux UV, organisation de pauses régulières à l’ombre, accès permanent à l’eau, qui fait parfois défaut aujourd’hui. C’est d’autant plus nécessaire que, d’après l’enquête, 67% des vignerons indiquent ne pas s’être formés à la prévention des risques liés à la santé au travail.

Est-ce que d’autres actions sont engagées au sein de la filière ?

Oui, en Champagne, où travaillaient quatre des six saisonniers décédés pendant les vendanges l’an dernier, et où une enquête pour "traite d’être humain" est toujours en cours, le Comité interprofessionnel des vins de champagne a présenté son plan d’action jeudi. Il contient notamment un guide sur la santé et la sécurité des travailleurs saisonniers.

A noter que ce plan est observé à l’extérieur de nos frontières. Mi-avril, les représentants des entreprises publiques suédoise, norvégienne et finlandaise, qui détiennent les monopoles de vente d’alcool dans leurs pays respectifs, se sont déplacés en Champagne, pour formuler leurs attentes et s’assurer du respect des conditions de travail.

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