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Et si on méditait dans les musées ?

Méditer face à un tableau pour le découvrir autrement. C'est la sortie originale proposée par Mindful Art Experience. Partons ouvrir nos chakras au musée national Gustave Moreau à Paris.

Article rédigé par franceinfo, Ingrid Pohu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Férue d'art et de poème soufie, Marjan Abadie invite les participants à méditer face à une oeuvre au coeur d'un musée. (INGRID POHU / RADIO FRANCE)

Dans les musées, la tendance est à la consommation express de l’art. Se laisser véritablement absorber par une œuvre devient rare. Voilà pourquoi la bruxelloise Marjan Abadie a eu l’idée de créer la méthode Mindful Art Experience (expérience artistique consciente), "pour voir à travers l’œuvre d’art, pour aller au-delà d'une compréhension intellectuelle et vers une connaissance plus émotionnelle et intuitive." C’est bien connu : on ne voit bien qu’avec le cœur.

Jupiter et Sémélé de Gustave Moreau pour méditer

Avec une dizaine de participants, on s’installe ce matin-là en cercle sur une chaise face à l’œuvre Jupiter et Sémélé du peintre Gustave Moreau. Une toile de 1895 que nous découvrons pour la première fois. Le dos bien droit nous fermons les yeux en portant notre attention sur notre respiration… "Et à chaque fois que votre attention va papillonner ailleurs sur le dossier à traiter ou le weekend à préparer, ramenez simplement votre attention sur les sensations de votre respiration."

L'approche de Mindful Art, mêle la méditation pleine conscience et la découverte d’une œuvre avec une méthodologie et un déroulé précis pour ralentir, se recentrer et s’offrir l’opportunité d’être présent, à l’œuvre et à soi. (INGRID POHU / RADIO FRANCE)

Puis Marjan Abadie nous invite à ouvrir notre regard sur l’œuvre de Gustave Moreau.

"Laissez-vous simplement l’observer avec cet esprit du débutant, du non-sachant. Le magnifique bleu, les colonnes, tous ces ornements. Tout doucement, laissez vos yeux s’ouvrir sur les yeux du personnage central, dont la tête est auréolée de rouge, observez cette personne. A votre avis, comment pourrait être le grain de sa peau. Est-ce qu’il peut avoir une peau douce ?"

Alors on plonge dans le regard bleu hypnotique du personnage principal – sans doute une femme – dont la peau pourrait être veloutée. "Est-ce qu’à votre avis, il vous invite à vous engager vers lui ou vous éloigne. Est-ce que vous sentez qu’il vous regarde, ou il est dans des cieux lointains. Est-ce que vous ressentez une émotion en le regardant ?"

Jupiter et Sémélé (1895) de Gustave Moreau. (INGRID POHU / RADIO FRANCE)

Cette femme ornée de bijoux parait inquiète. On tente d’imaginer qui elle pourrait être, ce qu’elle pense… Marjan Abadie nous demande de prendre la même posture que ce personnage ou d’imaginer la prendre. "Parce que nos miroirs-neurones fonctionnent très bien. Quand on imagine quelque chose, c’est comme si on le faisait. Donc n’hésitez pas à tenir votre dos droit, avec le même port de tête."

L'esprit et le corps

Cette approche permet de relier l’esprit et le corps qui accueille toutes nos émotions. Une fois les yeux fermés, c’est comme dans une chambre noire, les images du tableau se révèlent comme des photos. Étonnant ! Dans sa toile, Gustave Moreau représente Sémélé, une jeune princesse mortelle, ici anéantie par la vision de son amant, Jupiter, qui s’est métamorphosé...

On a la sensation de tisser un lien intime avec l’œuvre. "Ce que j’ai beaucoup aimé, confie une participante, c’est qu’on laisse de côté tout ce qu’on pense savoir et surtout, tout ce qu’on ne sait pas sur une œuvre, et c’est marrant de voir la façon dont cela fait appel à des souvenirs très personnels. Moi, ça m’a ramenée à des rêves d’enfant, et j’adore, parce que du coup, l’œuvre devient une sorte de filtre de soi-même pour vivre une petite aventure intérieure. Et ça enlève beaucoup de pression. La pression du musée de comprendre, de pouvoir raconter après. Et ça j’aime beaucoup !" 

Ces séances de méditation au musée sont accessibles à tous, y compris de chez soi en distanciel. Entre 8 et 40 euros, le tarif est libre, car Marjan Abadie reverse l’intégralité aux associations Médecin du monde et We Forest.

Inscriptions sur le site mindful-art.eu.   

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