Les confidences de Rémi, préleveur de venin de serpent : "Les prix au gramme font rêver beaucoup de gens"
Dans la salle principale de production de venin, 300 serpents vivent dans des tiroirs en rayonnage. "On a ici un mocassin tête cuivrée, un serpent des États-Unis", Rémi Ksas, préleveur de venin et dirigeant de la société Venom World, nous fait la visite. Pour attraper ces reptiles allant de 20 centimètres à presque quatre mètres de long, il utilise un club de golf muni d'un crochet.
Ici, tous les locataires sont venimeux, mais pas trop exigeants, "on les nourrit une fois tous les 15 jours", avec une souris ou quelques rats selon la taille. Un serpent dans le tiroir agite le bout de sa queue, c'est un fameux crotale à sonnette. "Il est agacé", remarque Rémi, expliquant que pour prélever le venin, une fois par mois, il faut choisir le bon moment.
Un précieux liquide au compte-gouttes
À mains nues, le professionnel saisit la tête d'une vipère à cornes après l'avoir prise dans une pince. "Je viens positionner mes doigts en arrière de la tête... elle a la gueule ouverte, donc les crochets à venin sont érigés." Et puis, au-dessus d'un verre, Rémi Ksas masse les glandes à venin derrière la tête du serpent. "Hop ! on voit au fond du verre un liquide transparent, mais jaune."
Quelques gouttes de venin qui seront vendues pour la recherche médicale ou encore l'élaboration de tests sanguins. "Les prix au gramme font toujours rêver beaucoup de gens, de 100 euros le gramme à 1 500-2 000 euros le gramme."
Un métier rare et des animaux mal aimés
Un gramme précieux qui nécessite parfois des dizaines de prélèvements. Rémi Ksas est le seul à les pratiquer en France, ils sont deux en Europe. Métier rare auquel il s'est formé sur le tas. "Je trouve ces animaux vraiment fascinants, les reptiles, mal aimés, y compris par moi à une époque. [...] Je découvre encore plein de facettes de ces animaux qui sont des espèces de coffres-forts, finalement très éloignés de nous. Ils n'ont pas de paupières, pas de bras, ils font assez peu de bruit. Finalement, on a du mal à percevoir leurs émotions, mais c'est assez intéressant quand on arrive à rentrer un peu dans ce secret-là."
La morsure, elle, n'a plus de secret pour Rémi Ksas : "Je fais ça depuis 2007. Une fois, j'ai été mordu par une vipère aspic. C'est très douloureux." Après deux jours d'hospitalisation, l'éleveur avait repris son travail et prélevé du venin, également indispensable à la production d'antivenin qui lui a sauvé la vie.
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