C'était comment ? La déprime du marché de Noel
Le marché de Noël des Champs-Elysées a démarré ce matin. Nathalie Bourrus y était. Une grosse pompe à fric, un peu triste.
C’était… triste.
Malgré un franc soleil, une odeur de chagrin et de mort rodait autour des stands des poupées russes. L’odeur du 13-Novembre 2015. Le chagrin d’il y a un an, celui d’aujourd’hui. La folie de cette soirée du vendredi 13-Novembre."On ne peut pas oublier," me dit la tenancière d’un stand de boule à neige. "Personne n’oubliera on venait d’ouvrir ce vendredi-là".
Moi : "Mais vous étiez loin, ça se passait à l’autre bout de Paris."
Elle, le regard fixé sur ses pères Noël : "Mais c’était fou, ici aussi ! A 22h, on entendait des sirènes de partout."
Moi : "Et il s’est passé quoi ensuite ?"
Elle, entre deux mots en anglais adressés à des touristes :"Ben, on a plié bagages à 23 heures et on a rouvert quatres jours après mais il n'y avait aucun étranger ! C’était mort ."
Elle en oublie le terme employé, toute affairée avec ses pères Noël. "Et là, vous voyez, ces pères Noël veilleuses ? Je les ai ressortis de l’an dernier. Ils vont partir comme des petits pains. Il faut se rattraper là ! C’est un moment très important pour nous, ce marché des Champs-Élysées et puis, moi j’ai un super emplacement sur le trajet de la sortie du métro, orienté soleil ". La dame a le sens du commerce
La fête foraine : Oui ! Surtout quand ça rapporte très gros, à la Marcel Campion
Il faut que la roue tourne à fond (rapport à sa grande roue de 70 mètres de haut, place de la Concorde, juste à côté).
"Allez la bonne fondue, elle est là, elle vous attend !", crie une sorte de savoyard (vrai ou déguisé, je l’ignore).
Je lis vin chaud écrit en gros sur une palette en bois. Puis, six euros le sandwich à la saucisse blanche. Puis, 189 euros le kilo de jambon Bellota, venu tout droit (il parait) du Pays basque.
Tiens, un distributeur d’argent ! La belle idée, la parfaite organisation de la pompe à fric.
Quelle est cette odeur ? C’est Klouk ? Doubitchous ? Ah non, cassoulet ! Cà remugle joyeusement, sur ce plateau géant.
Moi :"il cuit depuis longtemps ?"
Je me lance dans l’enquête gastronomique ou, gastrique, je ne sais pas encore.
La jeune fille : "vous voulez goûter?"
(Dans ma tête : uniquement si c’est roulé sous les aisselles, tellement culte je ne peux pas m’empêcher)
"Heu non merci, en fait il est un peu tôt "
Elle insiste : "Justement, ça tient au corps, c’est bon pour la santé" (on dirait une réplique des Bronzés).
Je m’échappe le soleil est magnifique, le ciel est clair. Mais j’ai soudain très froid. La grande roue me donne la nausée. J’ai envie de foncer dans le 11e arrondissement. J’ai envie d’aller me réchauffer le cœur à "La Belle Equipe", ou au "Petit Cambodge". Déguster une vraie soupe vietnamienne. Voir des vrais gens. Boire une vraie bière. J’ai envie d’embrasser le nom, de chacune des victimes du 13-Novembre 2015.
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