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Hollande, vent debout

François Hollande a longuement défendu son bilan, ce mardi. Il clôturait un colloque sur la gauche et le pouvoir, au Théâtre du Rond-Point, à Paris. Comme s'il était en campagne....
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (François Hollande au Théâtre du Rond-Point. © Philippe Wojazer/AP/SIPA)

C’était… un ouf ! de soulagement. À la sortie du Théâtre du Rond-Point, j’ai bien cru que certains allaient ouvrir le champagne. Après tout, c’était l’heure de l’apéro.

"Ah oui ! il a été bon… vraiment bon. Ça faisait un moment que ce n’était pas arrivé !" Cet homme serait-il ivre de bonheur ? Oui, tout comme son voisin. "C’est clair, il va de l’avant… sans complexe !", disent-ils.

Moi : "Ah bon ? Parce que vous avez des complexes en ce moment ?"

Lui : "Ben, vous savez, les socialistes sont pas très à l’aise avec le pouvoir… Ç'a toujours été comme ça."

Ado attardé

En effet, il y a toujours eu, dans l’histoire de la gauche social-démocrate, ce sentiment de trahir, dès lors qu’elle prend le pouvoir. Un gros complexe, digne d’un ado attardé. Une sorte de boutonneux, un peu pataud, un peu inerte. Un peu Flamby (Ohhhh ça ce n’est pas gentil, je n’ai pas pu m’en empêcher ! Allez, on me pardonne tout de suite !)… Et donc, dans l’histoire politique, de la France… cet ado a évidemment peur du pouvoir !

Les historiens de la gauche sont venus nous le rappeler, tout au long de la matinée, lors de ce colloque. Thierry Pech, du think tank Terra Nova, a ressorti Léon Blum de son cercueil. Blum qui décrivait la pétoche des socialistes au pouvoir de creuser l’écart entre élite et peuple… la trouille d’aller trop loin avec le capitalisme… bref, l’angoisse absolue, de trahir les idées révolutionnaires de départ.

Et là, je me dis que, ça a bien changé, tout de même. La gauche n’est plus vraiment cet ado attardé, pétrifié à l’idée de s’éloigner de son idéal. Ben si, quand même !

1981

Et d’ailleurs, une historienne viendra nous le confirmer. "1981, explique Anne Laure Ollivier, marque un tournant… La gauche prend le pouvoir, et elle veut le garder ! Ça c’est très nouveau."

"La gauche veut y rester. Et elle s’appuie sur des reformes qu’elle fait, et qui durent", explique l’historienne, citant les grandes avancées telles que les congés payés.

Ça c’est vrai, qui s’en plaindrait ? Franchement ? À part, les sado maso, je ne vois pas bien…

S’appuyer sur ce qui dure… sur ce qui fait date… C’est ça, la recette de la gauche au pouvoir. Et il y en a un, qui l’a très bien compris, c’est... François Hollande, bien sûr !

Très en forme, devant une salle comble, le chef de l’Etat a parlé d’agir sans trembler. De ne pas, se dérober. D’être dans l’action durablement… Car, a-t-il martelé, "être en retrait, c’est battre en retraite."

Qu’il est loin, ce temps où la gauche avait peur du pouvoir ! Fini l’ado attardé, un peu mollasson ! Je vous le dis : François Hollande n’a plus 15 ans, et il a guéri ses boutons d’acné. Il a 20 ans, est beau comme un astre, et lance : "Quoiqu’il en soit, RIEN ne remplacera un vote."

A bon entendeur… la gauche est presque devenue une adulte.

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