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La com ou la vie ?

Deux journées consacrées à la "refondation de l’école de la République". Ce grand raout se déroule jusqu’à demain soir, au palais Brongniart, place de la Bourse, à Paris. 2 000 spécialistes de l’éducation sont réunis… et des anciens ministres. Belle opération com.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Benoît Hamon, Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon, aux journées de Refondation de l'école de la République, à Paris. © MaxPPP)

Malaise. Malaise, parce que l’affiche est trop belle pour être vraie. En apéro, on nous a servi, un trio de choc. Vincent Peillon… Benoît Hamon… Najat Vallaud Belkacem.

Allez hop ! À 9h00 du matin, à peine rentrée de vacances, tu vas écouter les trois derniers ministres de l’Education nationale. Et tu vas, s’il te plait, être d’accord avec eux… parce qu’ils vont te dire, en gros, que si tu n’es pas d’accord avec les reformes, c’est que tu en veux à la société.

Tel un penseur…

Vincent Peillon va se lancer dans un pamphlet dithyrambique sur les rythmes scolaires et la réforme du collège. "Il ne faut pas se laisser aller aux tentations morbides... ou au déclinisme, affirme Vincent Peillon… Les reformes actuelles – et c’est ce que dit l’OCDE – vont dans le bon sens… il est donc indispensable que tous les acteurs soient unis."

À ma droite, les visages sont suspicieux.

Moi : "vous faites partie des acteurs…vous êtes prof ?"

Eux : "Non, non, on est des proviseurs… les profs n’ont pas été invités, je crois."

Moi : "Hein ? Mais ça les concerne au premier chef, non ?"

Eux : "Ben oui… en même temps, comme souvent, ils sont contre les reformes, s’il les avait invités, ben, heuuuu…"

"Ben, heuuuu"

Y'a comme un malaise dans le casting. Cet énorme raout, au palais Brongniart, censé incarner cette magnifique unité du monde de l’enseignement, se fait quasiment sans le prof ! Etrange conception de l’unité, me dis-je.

Ma pensée ne semble pas atteindre, le moins du monde, le cerveau de Vincent Peillon, toujours là, à la tribune. "La reforme se continuera, dit-il, de plus en plus ferme. Je ne crois pas qu’il y ait un homme raisonnable en France, qui reviendra sur les rythmes scolaires… Je ne crois pas qu’il y en ait un qui reviendra sur l’éducation prioritaire… C’est l’histoire de toute notre société qui se joue."

Donc, en clair : si t’es opposé à la reforme, c’est que t’es pas raisonnable, donc un peu barjo ! Et c’est aussi, que tu ne veux pas le bien pour ta société !

Malaise

Je regarde mes voisins, les proviseurs... Malaise. "Beau discours, très politique, très carré, me chuchote l’un d’eux… En gros, à l’entendre, c’est 'Marche ou crève !'"

Benoît Hamon, en frondeur qu’il est devenu, tentera bien un peu de réalisme, parlant d’une "France malheureuse, avec ses taux de chômage insupportables." Son propos sera illico écrasé par la conclusion de l’actuelle ministre. Pour Najat Vallaud-Belkacem, la réforme scolaire relève d’un devoir de penser l’avenir… Cela relève même de l’humanisme.

Et là, je me dis que, si je ne suis pas d’accord… c’est que j’ai, tout simplement, raté ma vie.

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