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Veille de l'Euro : Bercy bloqué

Une situation étrange, quasi ubuesque, aux abords de Bercy, le ministère de l'Economie et des Finances. A J-1 de l'Euro, le paquebot était cerné par des policiers. La raison ? Des manif sauvages. Pendant que le ministre des Sports Patrick Kanner y faisait un discours, la rue se révoltait.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Bercy, un ministère coupé du monde ? © MaxPPP)

Étrange situation. Le paquebot de Bercy, ce bâtiment gigantesque, en bord de Seine, était cerné. Oui. Entouré, par les forces de l’ordre… cerné par des policiers.

Je le rappelle : nous sommes à J-1 d’une compétition, parait-il, phénoménale. Et donc : Bercy, le paquebot qui regorge d’argent, où tout se décide, était cet après-midi tel un bunker à protéger.

Pendant qu’à l’intérieur, on parlait tranquillement argent et compétitivité, à l’extérieur se jouait une toute autre histoire. Ce qui m’a valu des tonnes de tours et détours avant de pouvoir entrer dans le paquebot cerné.

 "Ah non ! désolé, on ne passe pas."

Moi : "Mais j’ai rendez-vous dans Bercy… sur l’économie du sport, avec le ministre Patrick Kanner".

Le policier : "Ah non ! on ne passe pas…"

Moi : "Ah zut… ça tombe très mal… qu’est ce qui se passe ?"

Lui : "Manif sauvage ! Faut faire le tour !"

Bon… Me voilà partie faire le tour, c’est-à-dire longer des tunnels, passer des ponts, se faire rembarrer une nouvelle fois. Et tomber sur des cheminots… Les petits sauvageons de la manif sauvage!.

Moi : "Donc, vous n’avez pas prévenu, pour votre rassemblement ?"

L’un d’eux, grand sourire : "Non madame… la rue est à nous ! C’est comme ça !"

Un autre : "Et là-bas, vous voyez, de l’autre coté… y a des manifestants, pour les retraites."

En effet, j'aperçois un autre groupe de petits sauvageons… Bercy en état de siège… Quelle étrange situation ! Des dizaines de cars de CRS quadrillent les abords du paquebot.

Je sors ma Vuvuzela…

Je le redis, nous sommes à J-1 du début de l’Euro… que dis-je, à quelques heures maintenant…Oui, oui, c’est demain ! Enfin, si on ne le sait pas, c’est qu’on habite sur Mars. Et donc le ministère de l’argent, est quadrillé, à la veille d’une manifestation intergalactique, phénoménalement énorme, génialement sportive, et totalement humaine, nous rabâche-t-on !

"C’est fou, on se croirait dans un film, me dit un passant. Ce ministère, énorme, là où on décide des grosses affaires d’argent, est bloqué !" "Un film, répète-t-il, songeur. Une comédie !"

La commedia dell'arte, il y en a un qui la ferait bien cesser. C’est Patrick Kanner. C’est lui le Monsieur Sport… Le ministre… Et cet homme joue gros, à partir de demain….

Après d’âpres discussions avec les policiers, j’arrive à entrer à l’intérieur du paquebot. Patrick Kanner, vient conclure cette journée, on l’on a parlé sport et fric. Ce sont les derniers mots, non pas d’un condamné à mort, mais d’un homme qui porte une grosse partie de l’histoire de cet Euro 2016.

Un hélicoptère passe....

À la tribune, il se lance. "L’Euro aura bien lieu… et l’Euro aura lieu Bien… Ce sera une immense fête du sport, et on a besoin de cela pour la cohésion de notre pays."

Dans le ciel, un hélicoptère passe. Où sont les manifestants, les petits sauvageons ? Ou seront-ils, demain, pour l’ouverture de ce facteur de cohésion sociale ? Personne ne le sait vraiment….

Face à l’inconnu et l’étrangeté de la situation, Patrick Kanner manque de mots. Alors, au lieu de s’aventurer vers l’inconnu, il conclut benoitement et banalement par un "Allez les Bleus !"

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