Cornille Havard : les fondeurs de cloches de Notre-Dame de Paris

Créée en 1865, la fonderie installée à Villedieu-les-Poêles, en Normandie, fabrique encore une centaine de cloches par an, et vient de rénover celles de Notre-Dame, qui rouvrira ses portes le 7 décembre prochain.
Article rédigé par Victor Matet
Radio France
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7 novembre 2024. Monseigneur Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archevêque de la cathédrale Notre-Dame, (2-G), aux côtés du directeur de la fonderie de cloches Cornille Havard, Paul Bergamo (C), et du président français du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet (D), bénit les trois nouvelles cloches, dont celle utilisée lors des Jeux olympiques de Paris, qui doivent être placées dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, avant sa réouverture. (THOMAS SAMSON / AFP)

C'est une activité pour le moins restreinte aujourd'hui en France. En effet, Cornille Havard représente l'une des dernières fonderies de cloches du pays (*). "Il en reste au total une trentaine dans le monde", complète son président Paul Bergamo.

Sa société s'est offert un coup de pub devant des milliards de téléspectateurs cet été. Avec la cloche que les athlètes faisaient sonner après chaque victoire, au Stade de France. Une cloche désormais à Notre-Dame de Paris. Aux côtés d'autres cloches, rénovées par la fonderie, après l'incendie des 15 et 16 avril  2019. En ce mois de novembre2024, elles ont donc résonné pour la première fois depuis cinq ans.

17 artisans et 50 000 visiteurs

Créée en 1865, Cornille Havard s'inscrit dans une longue tradition de fondeurs de cloches installées à Villedieu-les-Poêles depuis le Moyen Âge. "Des commanderies, de retour des croisades, ont eu le droit de créer une ville exonérée de taxe royale, ce qui a permis le développement de l'artisanat, explique Paul Bergamo. Les fondeurs de cloches, pour des raisons de transport, étaient itinérants jusqu'au XIXᵉ siècle. Avec la révolution industrielle, le développement du train nous a permis de nous installer dans un atelier sédentaire. Et c'est toujours dans cet atelier que l'on travaille aujourd'hui".

17 personnes travaillent à l'année chez Cornille Havard, qui accueille aussi du public depuis plus de quarante ans, avec près de 50 000 visiteurs chaque année.

35 000 euros la cloche 

Fabriquées dans un métal spécifique, un bronze composé de 78% de cuivre et de 22 % d'étain, les cloches voient leur prix de fabrication changer selon le cours des métaux. "Une cloche de grande taille, qui va faire environ un mètre de diamètre et de hauteur, cela vaut environ 35.000 euros en ce moment" détaille Paul Bergamo.

Environ cent cloches sont faites chaque année pour des églises en France. La fonderie exporte aussi vers différents pays. Enfin, le président de l'entreprise n'oublie pas que son produit est avant tout un instrument de musique. "L'informatique tient une grande place. On a été dans les premiers au monde à modéliser notre profil de cloche sur ordinateur, puisque c'est le profil qui va donner la structure sonore de la cloche et la hauteur de la note."


Précision. Contrairement a ce qui est dit dans l'interview, Cornille Havard n'est pas "l'une des deux dernières fonderies en France". Outre Cornille Havard et la fonderie Paccard, près d'Annecy, il en existe d'autres, comme l'entreprise Voegelé, à Strasbourg.

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