C'est une chanson qui nous ressemble. "Je t’aime moi non plus", l’explicite et la censure
En partenariat avec l’exposition C’est une chanson qui nous ressemble – Succès mondiaux des musiques populaires francophones à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts, ces chroniques reviennent en détail sur chacune des histoires qui y sont présentées.
Vous connaissez évidemment, Je t'aime moins non plus. Et si vous avez déjà écouté précisément les paroles de cette chanson, vous savez qu'on ne peut les faire entendre complètement dans un podcast ou dans une émission de radio qui pourrait être écoutée par des enfants. Alors le meilleur moyen de ne pas prendre de risques, c'est de faire écouter Love at First Sight, un 45 tours de Sounds Nice, qui est le nom de groupe que se sont donné le clavier Tim Mycroft et l'arrangeur Paul Buckmaster, entourés de quelques musiciens de studio pour cette reprise instrumentale de Je t'aime moins non plus. Et dans l'histoire de la musique populaire, peu de chansons ont des versions sans paroles avec un tel succès.
Je t'aime moins non plus, sans les paroles, par Franck Bourcel : gros succès radiophonique et sur les pistes de danse des boîtes de nuit, des bals, des soirées privées. D'ailleurs, cette chanson a commencé comme ça, par être dansée. À l'origine, le titre Je t'aime moi non plus a été déposé à la SACEM sous le titre Scène de bal 1, parce que c'est la musique d'une scène de bal dans Les cœurs verts d'Édouard Lunds, un film autour de la vie de jeunes blousons noirs de banlieue.
Vous connaissez l'histoire de cette chanson, évidemment. Fin 1967, Serge Gainsbourg travaille avec Brigitte Bardot, la plus grande star du cinéma, et ils tombent amoureux l'un de l'autre. Dans l'élan de la passion, il lui propose d'enregistrer une version chantée en duo de ce slow, mais elle comprend vite quel scandale énorme serait Je t'aime moi non plus, et d'autant plus qu'elle est mariée. Alors cette première version restera dans les tiroirs jusqu'en 1986.
En mai 1968, quelques mois après sa rupture avec Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg rencontre une jeune actrice anglaise, Jane Birkin, et il enregistre avec elle la version de Je t'aime moi non plus que nous connaissons tous. Une version qui va faire scandale et exciter la débrouillardise des radios de 1969. La chanson est un succès discographique énorme et tout le monde a envie de le faire entendre à la radio. Mais entre les interdictions explicites et la prudence des programmateurs, quelques idées amusantes surgissent ici ou là. Comme chez des radios d'Europe du Nord qui diffusent le 45 tours du groupe thaïlandais The Traces. Les programmateurs respectent la bienséance en ne diffusant pas le texte explicite de Gainsbourg et Birkin, tout en y faisant une transparente allusion. Et partout, dans le monde, on écoute une chanson dont on devine, dont on fantasme, dont on espère les paroles en français.
Dans cet épisode de C’est une chanson qui nous ressemble, vous entendez des extraits de :
Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Je t’aime moi non plus, 1969
Sounds Nice, Love at First Sight, 1969
Frank Pourcel, Je t'aime moi non plus, 1973
Extrait des Cœurs verts d'Edouard Luntz, 1966
Serge Gainsbourg, Michel Colombier, Scène de bal 1 (BOF Les Cœurs verts), 1966
Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg, Je t’aime moi non plus, 1986 (enregistrement de 1967)
The Traces, ธรณีรัก / พนาไพร, 1969
Byron Lee & the Dragonnaires, Je t'aime (Love at First Sight), 1969
Vous pouvez aussi prolonger cette chronique avec le livre C’est une chanson qui nous ressemble aux éditions du Patrimoine.
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