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Chroniques du ciel. Des pertes massives pour Air France-KLM

Air France KLM a perdu 7,1 milliards d'euros en 2020, après un choc du Covid sans précédent, qui a privé le groupe franco-néerlandais des deux tiers de ses clients.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pertes massives annoncées cette semaine par Air France KLM, mais aussi des perspectives de sortie de crise.  (AARONP/BAUER-GRIFFIN / GC IMAGES)

Comme il fallait s'y attendre, les pertes Air France-KLM pour 2020 sont abyssales. Plus de 7 milliards d'euros, un chiffre d'affaires en chute libre de près de 60% et une dette nette qui a doublé en un an pour atteindre désormais les 11 milliards d'euros. "Ce sont des ordres de grandeur qui donnent le tournis" a reconnu Frédéric Gagey, le directeur financier d'Air France KLM, lors de la présentation des résultats du groupe cette semaine.

Seul, le fret se porte à peu près bien

Son chiffre d'affaires augmenté, conséquence d'une hausse des tarifs provoquée par une réduction mondiale de l'offre. Autre point positif, le groupe dispose actuellement de presque 10 milliards de liquidités et de lignes de crédit, grâce aux importantes aides d'Etat sous forme de prêts garantis des gouvernements français et néerlandais. Des prêts d'Etat et des liquidités qui, selon Frédéric Gagey vont permettre à Air France KLM de voir avec tranquillité l'année qui s'ouvre, même si la visibilité sur la reprise de la demande est encore limitée, peut-être au deuxième ou troisième trimestre grâce au développement du vaccin. Ces pertes sont abyssales mais totalement cohérentes avec celles de l'ensemble du secteur aérien qui a vu s'évaporer 66% de son trafic passagers en 2020, et dont les pertes ont dépassé les 118 milliards d'euros, l'an dernier.

De nombreuses compagnies ont déjà mis la clé sous la porte

Du coup, certains y voient un paradoxe, d'autres une injustice. Pour Air France-KLM et toutes les compagnies traditionnelles, structurellement endettées bien avant la pandémie, mais qui auront pu survivre grâce aux aides étatiques, cette crise sanitaire, sera finalement peut-être salutaire. Pressées par les Etats préteurs, mais sans véritable inquiétude quant à leur pérennité, ces "Legacy", compagnies porte-drapeaux, vont accélérer leur transformation, leurs réformes, considérablement réduire leurs coûts unitaires dans l'attente de jours meilleurs.

Une crise salutaire ?

Elles pourraient se relancer sur des marchés assainis avec moins de concurrence, où finalement, les compagnies qui pourraient disparaître, ne seraient pas forcément celles qui perdaient de l'argent avant le Covid, mais celles qui n'avaient pas la taille critique ou la trésorerie nécessaire pour tenir, face à une crise dont on ignore toujours l'issue. Alors le risque, c'est que le monde d'après, ressemble à un monde d'avant. Un monde d'avant la concurrence, d'avant la libéralisation du ciel, de l'open sky, un monde de quasi-monopole, où le passager aérien a, lui, sans doute beaucoup à y perdre, quant aux offres tarifaires…  

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