MH5017 : Interview exclusive avec Rémi Jouty, directeur du BEA
Quel est le rôle du BEA ?
L'accident s'est produit au Mali donc selon les dispositions de l'aviation civile internationale, c'est le Mali qui conduit l'enquête et donc le Mali a mis en place une commission d'enquête. Le Mali a souhaité bénéficier de l'expérience et de l'assistance technique du BEA pour conduire cette enquête, donc c'est dans ce cadre là que le BEA intervient.
Comment va intervenir le BEA ?
Le BEA a commencé à intervenir en envoyant deux enquêteurs sur le site, ils ont été acheminés grâce aux moyens mis en place par le ministère de la Défense français. Ils sont actuellement en train d'effectuer leur travail d'observation sur le site.
Ça veut dire quoi ?
Ça veut dire relever tous les éléments qui peuvent être observés pour déterminer, si possible, la configuration et l'état de l'avion avant l'impact. Déterminer si l'avion semblait complet avant l'impact et déterminer également si possible la direction et l'ordre de grandeur de la vitesse de l'impact.
Les boîtes noires ont déjà été récupérées, sont-elles sécurisées ?
Les boites noires ont été récupérées, le Mali a fait savoir son intention de principe à ce que les boîtes noires soient acheminées vers la France pour être lues dans le laboratoire technique du BEA.
Ça veut dire combien de temps ?
Je ne sais pas vous répondre précisément à cette question, mais ça sera très rapide, certainement une question d'heures ou de jours.
Au regard de l'impact visiblement violent, seront-elles exploitables ?
C'est trop tôt pour le dire, les boîtes noires sont conçues pour résister à des impacts violents et à des feux importants. J'ai dans l'espoir que nous allons extraire des données utilisables.
On voit sur les images qui sont diffusées depuis quelques jours à la télévision, des débris extrêmement concentrés, on se dit qu'il en manque, où sont-ils ?
Ça fera partie du travail des enquêteurs sur le site, de voir si on retrouve sur le site l'ensemble ou la grande majorité des éléments de l'avion, ou s' il semble en manquer. Il n'est pas possible de commenter dans le détail aujourd'hui. Il est prématuré évidemment pour envisager déjà des hypothèses, on est dans la collecte factuelle et ce n'est que dans une deuxième phase qu'on va élaborer un enchaînement des faits et des circonstances, ensuite des causes et des facteurs contributifs de l'événement.
***Certains politiques sont tout de suite montés au créneau pour dire : "C'est la météo !"
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La météo c'est une circonstance, ce n'est jamais une cause d'un accident. Après la question qui peut se poser et qui devra être examinée dans le cas de l'enquête c'est face à une situation météo orageuse, ce qui n'est pas exceptionnel dans cette région, quelles décisions ont pris les pilotes donc ceci est un travail qui devra être fait dans les jours et semaines à venir.
Alors il a le temps médiatique, et puis il y a le temps de l'enquête ; et entre les deux il y a une sacrée marge.
Oui et c'est toujours très douloureux pour les personnes les plus intéressées qui sont les familles des victimes de devoir attendre pour savoir ce qui s'est passé, mais en même temps nous leur devons une explication la plus juste et la plus complète possible.
Combien de temps faut-il pour une enquête sur ce type d'accident en moyenne?
Je voudrais d'abord rappeler qui ne s'agit pas d'une enquête du BEA, il s'agit d'une enquête menée par la commission d'enquête du Mali à laquelle le BEA participe et à laquelle participeront un certain nombre d'autres pays qui sont concernés par cette enquête. Après sur une enquête pour une catastrophe aérienne majeure comme celle-ci, l'expérience montre qu'il est très probable que l'enquête soit finie avant un an, c'est souvent deux ans.
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