Adrien Mérigeau et son court métrage d'animation "Genius Loci" en lice pour les Oscars
Adrien Mérigeau, 38 ans, est nommé aux Oscars pour " le meilleur court métrage d'animation" avec son film "Genius Loci". Avec Florian Zeller, c'est l'autre Français qui en compétition lors de la cérémonie, dans la nuit de dimanche à lundi 26 avril. Une surprise totale Adrien Mérigeau, qui pensait juste faire un film "pour un cercle d'amis".
Le réalisteur Adrien Mérigeau, est donc nommé aux Oscars lundi prochain 26 avril, avec Florian Zeller dont le film The Father, est en lice dans six catégories (ils sont même trois avec Frédéric Thoraval dans la catégorie "meilleur montage"). Adrien Mérigeau, 38 ans, est en compétition aux Oscars pour le "meilleur court métrage d'animation" avec son film de 15 minutes, Genius Loci, qui suit les déambulations d'une femme dans un paysage urbain. Un résultat esthétique très beau, rappelant des tableaux de Gustav Klimt ou Paul Klee. Adrien Mérigeau a encore du mal à y croire.
Adrien Mérigeau : C'était juste une joie incroyable. C'était vraiment hyper surprenant de voir que ça s'est concrétisé comme ça, parce que c'est un film qui est hyper expérimental, mais aussi très artisanal. Fait maison, quoi. C'est mes parents qui ont fait la musique. C'est des amis qui ont travaillé dessus. C'était une joie immense. Ça reste quand même assez abstrait.
Pour moi, ce que ça veut dire, c'est que je me rends compte que énormément de personnes le voient, et beaucoup plus que ce que j'avais prévu. J'avais vraiment fait le film en me disant que ce serait juste un petit cercle d'amis ou de collègues qui le verraient, ou de petits cercles de passionnés d'animation. Et là, soudainement, c'est un public universel qui en parle et qui pose des questions, qui s'y intéresse. C'est vraiment fantastique.
franceinfo : C'est frustrant de ne pas assister à la cérémonie à Los Angeles en raison de la situation sanitaire ?
Adrien Mérigeau : C'est extrêmement frustrant oui, parce que je ne sais pas si j'aurais l'occasion une nouvelle fois d'aller aux Oscars. C'est quand même très frustrant. L'Académie des Oscars organise une soirée à Paris pour qu'on puisse réagir en live. Ça va se passer dans les studios de Canal+ et c'est super, mais quand même, j'avais vraiment hâte d'y être, surtout que j'ai des amis qui sont nominés aussi, et d'avoir une petite place à leur table, c'était une occasion... Du coup, c'est un peu frustrant, mais juste de faire partie de cette aventure-là, même à distance, c'est quand même un immense honneur. Donc, je ne me plains pas trop.
Vous avez été notamment directeur artistique sur Le Chant de la mer, réalisateur de films courts désormais. La prochaine étape, c'est forcément de diriger un long métrage ?
J'ai vraiment pris goût à ce langage que j'ai développé sur Genius Loci, qui est langage un peu expérimental, qui allie le côté plus traditionnel, narratif de l'animation, et symbolique des contes de fées, avec un langage plus expérimental, moderne, un peu influencé par l'art contemporain. Et ce mariage-là, je l'aime beaucoup, et sous la forme de Genius Loci, j'ai l'impression de l'avoir juste commencé. Et si c'est possible de faire un long métrage avec ce langage-là, ça serait vraiment mon rêve.
Après, le long métrage c'est quand même une contrainte particulière, une contrainte financière, mais aussi une contrainte géographique : souvent, c'est quatre ou cinq studios européens qui s'allient pour faire un long métrage. Donc, c'est pas aussi évident de travailler sur une forme qui est libre comme celle-là, mais ce serait vraiment mon rêve.
La situation actuelle du cinéma, avec ces salles fermées, des films qui arrivent pour certains directement en ligne, elle vous affecte autant que les autres ? Ou le fait de faire du court métrage et de l'animation, ça vous en préserve un peu ?
On est très affectés par la fermeture des cinémas, surtout au niveau des festivals, parce que dans les courts métrages, notre principale manière d'être visible, c'est dans les festivals de courts métrages, de live, d'animation. C'est vraiment ça, notre visibilité. Et comme il y en a énormément qui se sont passés en ligne, ce n'est pas du tout la même dynamique. Après, c'est vraiment super que beaucoup de festivals aient pu s'arranger et quand même trouver un public. Après, ça remplace vraiment pas l'expérience d'accompagner le film en festival, mais par contre, on n'a pas la même contrainte financière, ça, c'est sûr. C'est moins de pression pour les auteurs de courts métrages, mais on est quand même très, très affectés. On a tous autant hâte que les cinémas rouvrent.
Enfin les deux derniers Pixar, Soul et Luca, qui sortent directement en ligne, qu'on ne peut pas découvrir en salles, ça vous fait un petit pincement au coeur ?
C'est vraiment dommage. Après, ça me fait moins un pincement au coeur que pour des films plus indépendants, qui sont faits par le milieu de l'animation que je connais, le milieu plutôt européen. Ça me fait d'autant plus mal, surtout que j'ai l'impression que les films de Pixar sont des films qui arrivent à s'adapter à une distribution en ligne, un peu plus que les films plus indépendants. C'est vraiment tragique.
Moi, ce qui m'intéresse plus, c'est la forme de l'animation qui est plus pour adultes. Les films de Pixar, finalement, je les consomme un peu comme le grand public. C'est quelque chose que j'adore voir. Je suis vraiment admiratif de ce qu'ils font là-bas, mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas énormément de lien entre ce qu'on fait dans l'animation en 2D indépendante, et ce que font les équipes de Pixar sur leurs longs métrages.
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