Cinéma week-end. "Chouf", ça flingue à Maseille, "Mercenaire" du rugby et la "Poesia sin fin" de Jodorowsky
Deux poids lourds amériains -Bridget Jones 3 et Miss Peregrine- ont distancé les autres films cette semaine, Chouf de Karim Dridi arrive loin derrière, mais tout de même, quelques 20.000 entrées, ce n'est pas si mal.
Chouf, c'est le troisième volet de la trilogie marseillaise de Karim Dridi après Bye bye en 1995 et Khamsa en 2008. Chouf, en arabe ça veut dire Regarde, c'est le surnom des gamins qui font le guet dans les cités des quartiers Nord de Marseille, où la première activité économique est la vente de drogue. Sofiane revient à Marseille après la mort de son frère dans un réglement de comptes entre dealers, alors qu'il faisait des études de commerce à Lyon et il plonge dans cet enfer. C'est un jeune marseillais, Sofiane Khammes, formé au cinéma par Karim Dridi qui joue ce personnage, tous les autres rôles sont tenus par des jeunes des quartiers Nord. Karim Dridi montre ce qu'un documentaire ne pourrait pas filmer, comment la misère fabrique du crime entre membres d'une même communauté.
Je cherche à comprendre ce qui emmène des jeunes gens à s'entretuer
Sacha Wolf signe un premier film réussi, qui -fait rare dans le cinéma français- se passe dans le milieu du sport. Mercenaire retrace le parcours de Soane un jeune wallisien, qui quitte son île lointaine pour jouer au rugby en métropole. Très vite ce pilier au physique impressionant déchante, il échoue dans un club de seconde zone, semi-amateur, est confronté à un racisme ordinaire, mais il accomplit son rite initiatique vers l'âge adulte. Sacha Wolf évoque la face obscure du rugby et son film est porté à bout de bras, très musclés, par Toki Pilioko, néo-acteur et vrai rugbyman.
Toki Pilioko, rugbyman encore en formation a fait un travail de comédien admirable
A 87 ans, Alejandro Jodorowsky signe son huitième film en près de 60 ans de carrière, longue vie d'artiste où le théâtre et la bande dessinée ont occupé un place importante. Poesia sin fin, poésie sans fin, c'est le récit de ses jeunes années au Chili, quand voulant à tout prix être poète contre la volonté de ses parents, il mène une vie de bohème qui précédera son départ pour Paris. Jodorowsky, artiste inclassable, dirige ses fils pour jouer son propre rôle et celui de son père, montre des décors de carton pâte quand il faut restituer le Chili du passé et entre lui même dans l'image pour sceller la réconciliation avec son père. C'est un pur bonheur que ce genre de cinéma, libre, foutraque et génial à la fois, puissse encore exister.
J'ai vu Fellini à Rome, j'ai crié "papa"
Enfin, au même rayon nostalgie, la réédition d'un chef d'oeuvre, en salle et en DVD: L'histoire offcielle de Luis Puenzo, oscar du meilleur film étranger en 1985. Dans l'Argentine de 1983, quand la dictature militaire coule dans la guerre des Malouines, Alicia découvre peu à peu que sa fille adoptive est en fait l'un de ces enfants volés aux familles de disparus. Dans cette bourgeoisie de Buenos Aires qui a vécu les heures sombres du pays dans la plus grande insouciance, tout s'écroule et le parcours de cette femme vers la prise de conscience qu'elle a été la complice trop naïve d'un crime est divinement portée par Norma Aleandro, prix d'interprétation à Cannes il y'a 31 ans pour cette histoire officielle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.