Cinéma week-end. Clap de fin sur 2017
L'année cinéma se termine avec une nouvelle adaptation d'un roman de Chantal Thomas, "L'échange des princesses", un film de Marc Dugain.
Adapter des œuvres littéraires, cette année encore, le cinéma français n'a pas résisté à la tentation -ô combien risquée !- de passer du livre au film. C'est Albert Dupontel qui a le mieux réussi l'exercice avec Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre.
Cette semaine c'est Marc Dugain qui s'y colle, L'échange des princesses, c'est à l'origine un roman de Chantal Thomas.
Je voulais qu'on soit tout de suite dans une lumière inspirée des premiers grands chefs opérateurs qu'ont été les peintres flamands et anglais
Marc Dugain
Avec sa plume incisive, grave et moqueuse, Chantal Thomas mettait en lumière en 2013 ce fait historique méconnu : pendant la régence de Louis XV, la France et l'Espagne qui sortent d'une longue guerre échangent leurs princesses : l'infante d'Espagne, qui n'a que quatre ans devra se marier avec le futur roi de France et la princesse de Montpensier, douze ans, sera sacrée reine au-delà des Pyrénées. La manœuvre diplomatique sera un fiasco et un épisode d'une infinie cruauté pour ces enfants.
Un casting infantile lumineux
Marc Dugain, aidé par un casting infantile lumineux, raconte cette histoire à hauteur de ses jeunes protagonistes, les adultes, exception faite de Catherine Mouchet en gouvernante royale sont moins convaincants. Il y a dans ce film d'époque, aux costumes chatoyants, des longueurs, mais Marc Dugain a le mérite, dans un genre saturé de propositions, de filmer de près, avec un vrai point de vue.
Le dernier Ridley Scott sorti cette semaine restera dans l'histoire du cinéma. Non pas pour sa qualité intrinsèque, le réalisateur n'a toujours pas retrouvé son inspiration et récite ses gammes avec efficacité mais sans séduction, Tout l'argent du monde est un marqueur de l'après affaire Weinstein.
Kevin Spacey effacé à l'écran
L'effacement à l'écran de Kevin Spacey, accusé d'agression et harcèlement sexuel, remplacé au pas de charge par Christopher Plummer dans le rôle de J Paul Getty, le milliardaire américain qui s'est illustré par son avarice lors de l'enlèvement de son petit-fils par la maffia calabraise en 1973.
Dans ce film trop prévisible et saturé de clichés, la prestation de Christopher Plummer est plus qu'honorable. A 88 ans il est plus crédible pour le rôle et a su puiser dans sa connaissance de Shakespeare au théâtre pour densifier son personnage. Quant aux véritables motivations des producteurs et distributeurs américains dans leur empressement à effacer Kevin Spacey du film, vertu ou sens des affaires, la question est en suspens. Désormais le film est sauvé et ira même aux Oscars.
La cession de rattrapage : The Square
Le 4 mars 2018 la grande fête d'Hollywood sera évidemment marquée par le séisme Weinstein, mais il y'aura aussi des artistes en attente de récompenses, dont celle du meilleur film en langue étrangère. C'est notre cession de rattrapage du jour avec The Square du suédois Ruben Ostlund, déjà palme d'or à Cannes et en lice pour un Oscar.
Je suis sorti de ce film, je tremblais!
Cyril Teste
Le metteur en scène Cyril Teste, qui a récemment adapté au théâtre Festen de Thomas Vinterberg dans une forme qui mêle théâtre et cinéma a adoré The Square.
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