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Cinéma week-end. "Moonlight" la beauté contre les clichés

C'est le film surprise de ce début d'année, Barry Jenkins met de la beauté dans les ghettos noirs, lumineux !

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Moonlight (DAVID BORNFRIEND Mars Films)

 Golden Globe du meilleur film dramatique

Huit fois nommé aux Oscars, Moonlight est le film qui résiste à la déferlante La La Land en cette période de récompenses. Il a l'élégance de son réalisateur.
Barry Jenkins, 37 ans, a des allures de black intello raffiné de la côte est, pourtant il vient de la périphérie de Miami, version ghetto noir, et il a, comme son personnage, vécu avec une mère accro au crack. La comparaison s'arrête là. On découvre Shiron, jeune enfant timide, introverti, mal mené par les gosses du quartier, persuadés qu'il est homosexuel.

 

J'ai pensé qu'on pouvait trouver chez de jeunes afro-américains les mêmes qualités que chez des actrices françaises comme Isabelle Huppert

Barry Jenkins

Qui es-tu Shiron?

C'est la question qui revient en boucle, lui reste taiseux et on le voit à trois âges de la vie, gamin, adolescent et adulte, cette fois, bodybuildé et dealer patenté. Trois acteurs jouent le même personnage, la quête d'identité reste énigmatique, le silence lourd, mais ce qui illumine ce film, dans un environnement aussi dur, c'est la beauté.
Beauté des acteurs, des regards, des sentiments, des couleurs, jamais on n'avait vu dans le cinéma américain un réalisateur sortir autant des sentiers battus, quand il s'agit d'évoquer les ghettos noirs, les gays, la drogue.

Dans le même registre qualitatif cette semaine, Jackie de Pablo Larrain

Le cinéaste a simultanément sur les écrans deux biopics, puisque Neruda est toujours à l'affiche. Pour être fidèle à la démarche du réalisateur chilien, disons plutôt anti-biopic, car il est trop subtil pour ignorer que raconter la vie entière d'une personnalité historique est, au mieux, ennuyeux.

Ce qui l'intéresse chez Jackie Kennedy c'est comment en quatre jours seulement elle a fabriqué la légende de son mari assassiné à Dallas. C'est elle qui fait entrer ce président dans l'histoire à côté d'un autre président assassiné, Abraham Lincoln, ce faisant, elle devient elle-même icône.

Et c'est là que Natalie Portman incarne magistralement le désir de cinéma de Pablo Larrain, il filme dans ses yeux et on n'avait jamais vu la star hollywoodienne autant habitée par un personnage. La photographie de ce film appuie le jeu organique de Natalie Portman, et pour ne rien gâcher Mica Levi signe une musique entêtante qui colle aux émotions de Jackie.

On finit en musique

Avec la rencontre jubilatoire entre Jim Jarmush et l'iguane survivant de la légende du rock: Gimme Danger ou les années Stoogies d'Iggy Pop, quand celui-ci annonçait fièrement avoir liquidé les années 60.
À bientôt 70 ans, rien ne semble pouvoir liquider Iggy Pop et c'est tant mieux.

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