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Cinéma week-end. Park Chan-Wook virtuose, Ben Affleck efficace

Avec 14 nouveaux films cette semaine, la lutte est acharnée. Le réalisateur coréen Park Chan-Wook livre une brillante démonstration de son art avec "Mademoiselle". Dans "Mr Wolff", le thriller américain de Gavin O'Connor, l'interprétation de Ben Affleck est stupéfiante.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'actrice Kim Tae-Ri, le réalisteur Park Chan-wook, Les acteurs Kim Min-Hee et Ha Jung-Woo à la présentation presse de Mademoiselle au 69e Festival du film de Cannes au Palais des festivals, le 14 mai 2016. (HUBERT BOESL / DPA /  MaxPPP)

Cette semaine encore, avec une bonne dizaine de nouveaux longs métrages à l'affiche, difficile de se faire une place au soleil. D'autant plus que La folle histoire de Max et Léon, la grosse comédie des gars du Palmashow rafle la mise :
102 000 entrées le premier jour.

Dans ce contexte, les autres films français sont à la peine

Réparer les vivants de Kattel Quillévéré, adaptation du roman de Maylis de Kerangal s'en sort bien, quatrième sur le podium hebdomadaire. C'est plus difficile pour La mort de Louis XIV, d'Albert Serra. Alors, avis aux cinéphiles qui auraient manqué l'information, c'est Jean-Pierre Léaud, bien vivant, qui joue le roi soleil agonisant.

Dans un registre esthétique encore plus poussé, le coréen Park Chan-Wook fait une grande démonstration de ses talents avec Mademoiselle. Dans la Corée des années 30, occupée par le Japon, une jeune femme entre au service d'une riche japonaise vivant dans une immense demeure, où règne en maître absolu un oncle tyrannique, érudit et assez pervers. 

Cette image de la femme soumise dans les films asiatiques ne me plaît pas

Parc Chan-Wook

Dans ce film, la perversité est partout

La domestique, femme de compagnie oeuvre en fait pour un truand qui va vite perturber la quiétude du lieu. L'histoire est complexe, on s'y perd un peu et Park Chan-Wook la retourne dans tous les sens. Il remontre les mêmes scènes, en changeant de point de vue. C'est terriblement virtuose, l'histoire d'amour entre les deux femmes est filmée avec une érotisation millimétrée qui évite l'écueil du porno chic, et on retrouve les codes très coréens du film de servante, de vengeance, avec juste ce qu'il faut de violence pour pimenter ce long récit de près de trois heures.

Le seul défaut de ce film c'est d'être trop bien fait, une perfection qui exclut parfois le spectateur, mais le fond du scénario est très étonnant, alors que les femmes dans le cinéma asiatique de genre sont très souvent rabaissées pour ne pas dire traitées comme de simples objets de fantasmes, Park Chan-Wook dit dans Mademoiselle tout son amour et son respect des femmes.

Dans le genre efficace, Mr Wolff est un thriller redoutable

Alors que sur le papier, le film de Gavin O'Connor n'invente rien : un expert-comptable, qui aide toutes les mafias du monde à blanchir leur argent, est traqué par une agent du Trésor américain. Mais le comptable en question a deux caractéristiques qui font la différence : il est autiste et c'est Ben Affleck qui l'interprète. Comme dans Mademoiselle, le scénario est assez alambiqué et il faut se laisser aller, savourer la performance de Ben Affleck.

L'histoire personnelle de son personnage est violente, entre éducation militaire, fratrie désunie et handicap qui le désocialise, il reste mystérieux et il faut du temps pour comprendre pourquoi il a mis ses talents de comptable au service des narcos et autres trafiquants d'armes. Certes Mr Wolff présente une vision assez simpliste de l'autisme, apparence banale et cerveau aussi puissant qu'un ordinateur, mais quand la vie ordonnée comme une partition de cet homme se dérègle, l'explosion de violence que porte Ben Affleck est stupéfiante.

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