Cinéma week-end. "Radin" cartonne, "Aquarius" triste Brésil, "Dogs" western roumain
Dans Cinéma week-end cette semaine, Dany Boon en tête du box office, le très beau "Aquarius" de Kleber Mendonça Filho, le documentaire de Gianfranco Rosi à Lampedusa et un premier film roumain prometteur, "Dogs".
Sans surprise Radin de Fred Cavayé fait sauter la banque au box-office, 136 000 entrées le premier jour dans 650 salles. Dany Boon en radin pathologique, c'est la comédie populaire par excellence, même si le virage mélo du scénario à mi-parcours du film, a de quoi surprendre.
Aquarius, au cœur de l'actualité brésilienne
Kleber Mendonça Filho a 48 ans, il est né à Recife au Brésil, ville côtière où se déroule son deuxième film Aquarius, qui avait ému le dernier festival de Cannes. Aquarius, c'est le nom d'un immeuble au charme désuet, face à l'océan, où vit Clara. Clara, la soixantaine, bourgeoise cultivée, vit seule, avec ses disques vinyle, ses souvenirs et les visites rares de ses enfants.
C'est Sonia Braga, immense star au Brésil qui est cette femme à la retraite sereine et active, entre soirées copines et bain de mer quotidien. Seule, elle l'est aussi dans son immeuble, car Clara est la dernière à résister aux offres d'un promoteur qui veut à tout prix réaliser une juteuse opération commerciale. Sur fond de bossa nova, le film avait débuté dans une douceur nostalgique et il glisse dans une mécanique cynique, froide, désarmante, tous les coups sont permis, le promoteur mène une guerre acharnée contre cette femme digne et déterminée. Sonia Braga sublime son personnage et Kleber Mendonça raconte à travers elle jusqu'où la corruption gangrène le Brésil et sa ville natale.
J'ai rencontré la mort aux confins de l'Europe
Gianfranco Rosi n'a réalisé que six films en 23 ans
Le réalisateur prend son temps et ça se sent. Fuocoammare, par-delà Lampedusa, Lion d'or à Berlin, est un éloge de la lenteur et du silence, qui permet au documentariste de s'emparer d'un sujet d'actualité pour le porter très haut avec humanité et une certaine poésie, même si le sujet ne s'y prête pas. Gianfranco Rosi est allé à Lampedusa quand les journalistes venus couvrir la tragédie des réfugiés l'avaient délaissée depuis longtemps.
400 000 migrants ont débarqué sur ce caillou de 20km2 en 20 ans, 15 000 ont perdu la vie dans la traversée et depuis trois ans, les autorités italiennes vont les secourir en mer. Sur l'île, ils restent peu de temps, et Gianfranco Rosi ausculte cette situation étrange, celle de deux mondes qui cohabitent sans se mêler, métaphore d'une Europe qui ne veut pas voir. Dans le film, c'est le médecin qui relie ces deux univers, la caméra se pose sur ce peuple de pêcheurs, des gens simples, dans leur quotidien, sur un jeune garçon qui a le mal de mer, étrange hasard. Rosi embarque avec les sauveteurs et son film culmine sur une scène morbide, mais d'une grande dignité, quand d'un bateau en perdition sont retirés des dizaines de cadavres.
Dogs de Bogdan Mirica, salué pour son audace et sa radicalité
Enfin retenez ce nom : Bogdan Mirica, son premier film Dogs a marqué la critique. Dans l'excellente famille du cinéma roumain, il ajoute une note western contemporain qui annonce une belle carrière. Autant de maîtrise dans un premier long métrage c'est rare. Bogdan Mirica est un maître du suspens, de l'effroi, dans des paysages infinis où la violence peut éclater à tout instant.
Dans Dogs, un jeune citadin débarque dans un bled paumé, près de la frontière, après la mort de son grand-père. Il hérite, très surpris, de centaines d'hectares et découvre peu à peu, que le papy avait des fréquentations douteuses. Il y a des cadavres qui sortent en morceaux d'étangs glauques, un chien nommé Police et des maffieux dont les ombres planent sur ce thriller comme sur ce petit monde sans espoir. Dogs est taillé pour ravir les cinéphiles, mais mérite vraiment d'être découvert par un large public.
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