Cinéma week-end. Régis Sauder réussit son retour à Forbach
Dans ce documentaire qui part de l'intime, le sentiment d'abandon est traité avec justesse.
Régis Sauder a patiemment construit son parcours de documentariste
Le réalisateur a affiné son œil, il est désormais un nom dans ce genre en France. Après les très remarqués Nous, princesses de Clèves et Être là, voici son film le plus personnel, Retour à Forbach.
Forbach, petite ville de Moselle à deux pas de l'Allemagne
Ancien haut-lieu du bassin minier lorrain, Forbach, ville sinistrée par la fermeture des mines et dont le déclin industriel a radicalement modifié le paysage politique. Des rues désertes, des commerces fermés, des panneaux à vendre, Régis Sauder revient là où il a grandi, et retrouve ceux qu'il a laissés après le bac. Il filme la maison de son enfance, ses anciens copains et copines d'école et un sentiment douloureux : l'abandon. L'exercice était périlleux, il est réussi sobrement, avec pudeur, et s'inscrit dans une lignée littéraire d'Annie Ernaux à Didier Eribon, sans forcer sur le déterminisme social.
Il y a la honte d'avoir eu honte et mon histoire n'est pas plus importante que la leur
Régis Sauder
Cessez-le-feu d'Emmanuel Courcol
En attendant Au revoir là-haut d'Albert Dupontel qui sortira à l'automne, adaptation du roman de Pierre Lemaitre qui a eu l'excellente idée de s'intéresser à l'après-guerre de 14-18, voici Cessez-le-feu d'Emmanuel Courcol, qui choisit aussi le sort des rescapés de la grande boucherie plusieurs années après leur retour du front. Romain Duris y est un officier qui a fui en Afrique ses cauchemars des tranchées et qui revient en France pour s'occuper de son frère rentré mutique de la guerre. Avec également Grégory Gadebois et Céline Sallette, le casting est soigné, le film un peu trop classique, il a le mérite de s'intéresser à une période pas si lointaine que ça.
Enfin, voici après deux ans d'attente le dernier Jerzy Skolimowski
Jerzy Skolimowski, grand cinéaste polonais, mais très peu productif ces dernières années. 11 minutes est un film qui a tout pour enflammer les débats d'après projection, tellement on peut le trouver génial ou totalement vain. Obsédé par l'idée d'un personnage en lutte contre des éléments hostiles, Skolimowski étire une scène de 11 minutes sur 1 heure et 21 minutes à coup de flash-back en faisant progressivement entrer ses protagonistes dans un récit qui les rassemble, vers une catastrophe qui vient crescendo. Film organique où tout passe par les corps, les regards, il pousse un mari jaloux, une jeune femme ambitieuse, un producteur trop sûr de lui et une petite frappe, vers une fin commune, terriblement virtuose ou sans intérêt, à vous de choisir...
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