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Cinéma week-end. “The house that Jack built”, crépusculaire.

Lars Von Trier est de retour, âmes sensibles s'abstenir.  

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Matt Dillon dans "The house that Jack built" (Les films du losange)

Jack est un tueur en série, dont Lars Von Trier présente cinq meurtres que Jack estime être des œuvres d'art. Gore, insoutenable pour certains, génie du réalisateur pour d'autres, cette litanie met en parallèle le parcours d'un assassin qui va vers sa perte à celui du cinéaste dépressif, à grand renfort de références à ses films passés.

Oui, Lars Von Trier est un provocateur, mais il s'affranchit des règles car il le faut

Matt Dillon

Comme toujours chez Lars Von Trier les femmes ne sont là que pour souffrir et le réalisateur entretient sa propre légende, il se dit que ce serait son dernier film. Matt Dillon qui est Jack dans cet opus crépusculaire avoue sa fascination pour Lars Von Trier.          

Quel point commun entre la comédie musicale La La Land avec laquelle Damien Chazelle a conquis le monde et First man portrait intimiste de l'astronaute Neil Armstrong,? Et si cétait la fascination du jeune réalisateur franco-américain pour la noirceur, le prix à payer pour la réussite,?  Effectivement, depuis Whiplash, les héros de Damien Chazelle souffrent pour réaliser leurs rêves, c'est à se demander si lui-même sacrifie sa vie pour le cinéma. First Man c'est l'anti space opera, un film organique sans effets spéciaux, ce qui est extraordinaire ici c'est la conviction d'un homme dont la cicatrice intime, la mort d'un enfant en bas âge, va le pousser à être le premier homme à marcher sur la lune.

On a voulu enlever le vernis mythologique et regarder une vérité plus complexe

Damien Chazelle

La conquête spatiale américaine, en pleine guerre froide est confiée à des pilotes héroïques mais communs, semé de tragédie, d'accidents mortels, cette épopée est filmée au plus près des personnages, dans leur quotidien, Damien Chazelle voulait, porter un autre regard.      

Nadine Labaki est repartie de Cannes avec le prix du jury, son Capharnaüm est un film coup de poing sur la misère des enfants de rue au Liban. Zain 12 ans, réfugié syrien explose quand sa sœur est mariée de force à un adulte, il quitte sa famille, vit dans la rue où il croise une autre désespérée, réfugiée africaine avec un bébé et ira porter plainte contre ses parents pour l'avoir mis au monde.

Ce chaos me structure, me donne des ailes et beaucoup de confiance

Nadine Labaki

Le vrai Zain qui joue quasiment son propre rôle est un acteur né, d'une beauté sauvage, il tient le film de bout en bout. Les images tournées caméra à l'épaule mitraillent le public, qui aimerait un peu de respiration et d'explications, mais Nadine Labakia assume, le Capharnaüm c'est aussi sa façon de filmer.      

Wine Calling  de Bruno Sauvard est un documentaire à déguster sans modération. Comme le London Calling des Clash à ceci près qu'ici ce sont des vignerons qui donnent dans la culture punk. Rebelles en Occitanie, ils ont opté pour le vin nature, la guerre aux sulfites est déclarée, pour des breuvages qui promettent des lendemains sans mal de crane. Le vin nature est tout sauf un vin de feignant et ça bosse dur dans ce film, des femmes et des hommes passionnés, solidaires, qui défendent un art de vivre, pour la beauté du geste surement pas pour l'argent. Wine Calling a les qualités et les défauts du vin dont il vente les mérite: tonique, sincère, mais court en bouche, pour en savoir plus il faudra passer à la cave.            

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