Autopsie d'une zone de sécurité prioritaire : la Grande Borne
A l'arrière du véhicule banalisé des trois policiers de la BAC D, en patrouille à la Grande Borne, les immeubles à deux étages défilent le long de la départementale 310. Peu d'habitants à cette heure de la journée, la cité réputée la plus sensible de l'Essonne est calme.
Depuis 4 mois, la Grande Borne et l'ensemble de Grigny 2 disposent de moyens policiers renforcés (12 fonctionnaires de BAC) piochés sur le reste des effectifs du département et désormais "dédiés" à ces quartiers pauvres en proie à une petite délinquance et un trafic de drogue auxquels tous les habitants sont habitués.
Gilets pare-balles, casques blindés, flash-ball
Cet après-midi, en "mode ZSP", trois équipages de BAC (trois personnes) patrouillent en voiture au même moment sur la Grande Borne. En plus de leurs armes réglementaires, tous ces policiers sont systématiquement équipés de gilets pare-balles, de casques blindés, de flash-ball, de grenades détonantes, de jumelles pour observer à distance les allers-et-venues des dealers et des clients.
L'objectif avec la ZSP, c'est de fidéliser ces policiers de terrain en civil et en tenue dans le quartier. Travailler plus en profondeur, améliorer leur connaissance de la délinquance de la cité, mieux travailler avec leurs collègues de la police judiciaire ou les acteurs locaux.
"C'est toujours aussi difficile de travailler dans ces quartiers, explique l'un de ces policiers, mais savoir que l'on a l'appui d'autres collègues, c'est important"
En novembre dernier, après des mois de négociations politiques et d'entretiens avec Manuel Valls, les deux quartiers "chauds" de Grigny ont été assez logiquement intégrés à la deuxième vague de créations de ZSP en France. En apprenant qu'ils seraient affectés à temps plein à ces cités, les policiers de la BAC départementale ont renâclé.
En "off", une jeune fonctionnaire le reconnaît "pour beaucoup d'entre nous, bosser ici à temps plein, c'était pas vraiment une bonne nouvelle ". Mémoire de l'hostilité permanente des délinquants mais aussi d'une partie des jeunes habitants de la cité de la Grande Borne contre les forces de l'ordre, comme lors des émeutes de 2005 où les policiers essuient ici les premiers tirs à balles réelles.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.