La Grande Borne : les gardiens d'immeubles menacés par les dealers
Dans
la cour du commissariat de Juvisy, les policiers attendent le briefing avant le
départ en mission. L'"opé ", comme ils disent, a été montée en moins de deux
heures. Devant des dizaines de fonctionnaires de la BAC (Brigade anti-criminalité),
de la BST (Brigade spécialisée de terrain), et des CRS, la commissaire adjointe Hanem
Hamouda précise les contours de l'opération : sécuriser le déménagement un
gardien d'immeuble menacé de mort. Des jeunes font des rondes pour l'intimider,
lui et sa famille ne quittaient plus leur logement de la Place de l'œuf depuis
des jours.
"Tout peut partir en 30 secondes"
Tous
les policiers sont armés, équipés de flash-ball, de grenades détonantes, de
gilets pare-balles et de casques blindés. La mission semble simple mais ils
redoutent un rassemblement. "Ici tout peut partir en 30 secondes ", explique un
cadre local venu spécialement assister ses collègues. "Tout paraît calme et puis
d'un coup, on est pris à partie. On se prépare à tout, y compris à des coups de
feu ".
Le gardien soupçonné d'être une "balance"
Place
de l'œuf, le déménagement a débuté. Des CRS sont déjà en position protégeant la
zone. Le gardien d'immeuble et sa famille ne sont plus présents dans
l'appartement. Il s'est réfugié à deux pas chez des collègues le temps que les
déménageurs aient terminé. Les gardiens comme lui sont une trentaine, employés
par le même bailleur social. Un bailleur qui a refusé de répondre aux questions
de France Info au micro, de peur de représailles sur ses personnels.
La
commissaire adjointe de Juvisy, en charge de l'opération, croit savoir que le
gardien était soupçonné par certains délinquants d'avoir servi de "balance" aux policiers. Selon plusieurs sources non-policières, il aurait surtout refusé
de donner les clés d'un local à plusieurs individus.
Les concierges régulièrement objet de pressions
Les
menaces à l'encontre des gardiens ne sont pas une nouveauté à la Grande Borne.
L'un d'eux avait subi des violences très graves : les deux jambes cassées. Comme
dans une poignée de cités très sensibles en France, des gardiens sont l'objet
d'intimidations, de pressions, de la part des dealers locaux.
Pressions pour
occuper des squats, être complice du trafic en stockant du produit stupéfiant,
servir de "nourrice". Pression également parce qu'ils tentent de s'opposer aux
dégradations, au trafic dans les halls d'immeuble ou à proximité. Les gardiens
sont aussi régulièrement soupçonnés par les policiers de participer au trafic,
parfois à raison.
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