Les Saami, victimes de l'industrie touristique de Noël
Un père
Noël revêtu… de goudron et de plumes. Cette vision ne sort pas d’une planche de
Lucky Luke. C’est bien à Rovaniemi, en Finlande, "la" ville du père
Noël, que se trouve ce "crime" de lèse-Santa Klaus. La colossale
statue en bronze de Kalle Lampela, artiste plasticien, se dresse dans les
jardins de l’université, symbole de l’écœurement de l’auteur face à
l’omniprésent business du père Noël, qui a fini par dévorer la ville. Il
dénonce, avec humour, la confusion des genres entre les petits mondes
économiques, politiques et universitaires de cette cité du cercle polaire.
Mais
toute
l’université ne voit pas les choses en rouge et blanc. Quelques
chercheurs
dénoncent un autre travers du tourisme de masse : la surexploitation de
la
culture et des symboles du peuple indigène de Laponie, les Sami. Connus
pour
leurs pittoresques habits bigarrés et leurs élevages de rennes, ils
représentent
la seconde mamelle de l’industrie touristique de Rovaniemi. Ici, de faux
Sami
qui vont accueillir les touristes à l’aéroport, partout, des objets Sami
"made in China", quand les véritables sont faits mains.
Pour les
vendre, au milieu d’autres breloques, il y a les "elfes" du père
Noël. Les belles histoires de notre enfance ne sont pas très bavardes sur leur
condition sociale. Et pour cause, elle révèle un père Noël donnant volontiers
dans un dérivé moderne du servage : le stage non rémunéré. Nombreux sont
les jeunes qui viennent ici rechercher une expérience, parfois de plusieurs
mois, dans le tourisme ou dans la vente. Et presque tous doivent se convaincre
qu’il s’agit d’un investissement : hébergement, transport, tout est à leur
charge. Pourtant, le seul village du père du père Noël réalise un chiffre
d’affaires de 15 millions d’euros en hiver. De là à traiter le mythique bonhomme
rouge de vieux radin…
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