Prison : "S'évader" par le travail
"Ce que les Chinois ne veulent pas faire, nous, on
le fait ". À moitie sur le ton de la plaisanterie, Jean-Pierre ne s'arrête
pas de travailler quand il parle. Lui et ses collègues codétenus
reconditionnent des CD, debout face à une vaste table. Ils sont payés à la pièce.
En travaillant près de 6h par jour Jean-Pierre dit tirer un bon 300 euros
mensuels nets, une fois déduits les parts obligatoires pour les parties civiles
et pour son pécule de sortie. Jean-Pierre ne se plaint pas. "Si on
voulait un salaire normal, il fallait aller travailler à l'usine à l'extérieur".*
Comme la plupart de la centaine de détenus qui fréquentent
l'atelier, Jean-Pierre estime qu'il a de la chance de pouvoir travailler. Si
l'on ajoute ceux qui font le ménage ou la cuisine dans la prison, seul un quart
des occupants du centre pénitentiaire ont accès a un emploi. Il faut patienter
en moyenne quatre mois pour obtenir une place.
Les travailleurs comptés
Jean lui a dû en attendre six. "C'est long, très
long" , se souvient celui qui est aujourd'hui cariste. Pendant cette période,
il exploitait toutes les autres possibilités pour sortir de cellule: promenade,
bibliothèque ou sport. Aujourd'hui travailler lui apporte "beaucoup" .
"Cela permet de suer, penser a autre chose, ne pas rester cloitré"
confie Jean qui a eu des pensées suicidaires. Pour lui il s'agit aussi de
montrer a ceux qui sont dehors qu'il a gagne en "maturité" , à
son fils "que papa a grandi"* .
Jean n'envisage d'ailleurs a priori pas d'imiter un ancien détenu
de l'atelier. Caché au milieu des cartons devant des livres, il s'était évadé a
bord du camion venu les chercher. C'était en 2006. Depuis les travailleurs sont
systématiquement comptés avant tout départ de marchandises.
*Les prénoms ont été modifies
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