Cet article date de plus d'onze ans.

Prison : "S'évader" par le travail

C'est un endroit prisé du centre pénitentiaire de Meaux. Après quatre mois d'attente en moyenne, une centaine de détenus peuvent travailler à l'atelier. Le salaire est bien inférieur au Smic, mais pour beaucoup, cela permet de passer quelques heures par jour hors de la cellule.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (©)

"Ce que les Chinois ne veulent pas faire, nous, on
le fait
". À moitie sur le ton de la plaisanterie, Jean-Pierre ne s'arrête
pas de travailler quand il parle. Lui et ses collègues codétenus
reconditionnent des CD, debout face à une vaste table. Ils sont payés à la pièce.
En travaillant près de 6h par jour Jean-Pierre dit tirer un bon 300 euros
mensuels nets, une fois déduits les parts obligatoires pour les parties civiles
et pour son pécule de sortie. Jean-Pierre ne se plaint pas.
"Si on
voulait un salaire normal, il fallait aller travailler à l'usine à l'extérieur".*

Comme la plupart de la centaine de détenus qui fréquentent
l'atelier, Jean-Pierre estime qu'il a de la chance de pouvoir travailler. Si
l'on ajoute ceux qui font le ménage ou la cuisine dans la prison, seul un quart
des occupants du centre pénitentiaire ont accès a un emploi. Il faut patienter
en moyenne quatre mois pour obtenir une place. 

Les travailleurs comptés

Jean lui a dû en attendre six. "C'est long, très
long" , se souvient celui qui est aujourd'hui cariste. Pendant cette période,
il exploitait toutes les autres possibilités pour sortir de cellule: promenade,
bibliothèque ou sport. Aujourd'hui travailler lui apporte
"beaucoup" .
"Cela permet de suer, penser a autre chose, ne pas rester cloitré"
confie Jean qui a eu des pensées suicidaires. Pour lui il s'agit aussi de
montrer a ceux qui sont dehors qu'il a gagne en
"maturité" , à
son fils
"que papa a grandi"* .

Jean n'envisage d'ailleurs a priori pas d'imiter un ancien détenu
de l'atelier. Caché au milieu des cartons devant des livres, il s'était évadé a
bord du camion venu les chercher. C'était en 2006. Depuis les travailleurs sont
systématiquement comptés avant tout départ de marchandises.

*Les prénoms ont été modifies

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.