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Crue centennale : à quoi faut-il s'attendre ?

L'alerte rouge est passée. La lente décrue de la Seine est en cours, mais il s'en est fallu de peu pour que les Franciliens ne soient touchés par des inondations majeures. L'Aube et la Marne ont subi de gros dégâts et le transport fluvial a été fortement perturbé. Sommes-nous réellement à l'abri d'une crue centennale et de ses conséquences comparables à celle de 1910 ?
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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La France compte 8.500 kilomètres de voies navigables, soit le plus long réseau d'Europe. Il devient un enjeu écologique et économique : une barge sur la Seine, c'est 400 camions de moins sur les routes. Mais les crues peuvent freiner le développement du transport fluvial.

Marc Papinutti, Directeur général de Voies
Navigables de France
 nous rappelle que sans les barrages régulateurs du niveau d'eau installés sur la Seine et ses affluents, Paris serait à sec pendant les périodes de sécheresse estivale. Les biefs, ces parties navigables des voies d'eau, deviendraient impraticables. 

C'est ainsi qu'environ 1.800 écluses, 500 barrages et 65 retenues d'eau maintiennent un niveau acceptable . Quatre lacs-réservoirs ont été aménagés en amont de Paris, pour protéger la capitale de la sécheresse et des crues. Mais cette année, tout comme les nappes phréatiques, les réservoirs sont remplis à ras-bord. 

Frédéric Molossi préside depuis octobre 2012 l'établissement public Seine Grands Lacs qui gère notamment la capacité des réservoirs à "écrêter les crues". Ces lacs artificiels créés entre 1950 et 1990 sont aussi devenus des lieux de vie et des écosystèmes qu'il faut protéger en maintenant là aussi un niveau d'eau régulier.

Nous avons en mémoire cette fameuse crue de 1910 à Paris, où l'on voyait nos députés arriver en barque à l'Assemblée Nationale. Cette crue dite centennale reviendra, mais devrait être mieux anticipée.

Le Général Serge Garrigues, chef d'état-major de la zone
de défense de Paris
, précise que les autorités disposent de huit à neuf jours de délai pour prévenir la population et organiser les secours. Le but est de maintenir au maximum la population sur place en mettant à sa disposition nourriture et eau potable. Plus d'un millier de groupes électrogènes sont prévus ainsi qu'une organisation d'urgence pour l'évacuation des déchets.

"Il faut savoir qu'on a chaque jour à Paris 5.000 tonnes de déchets à évacuer".

Trois millions de personnes seront probablement touchées par la prochaine crue centennale et les coûts des dommages pourraient atteindre 40 milliards d'euros. Car bétonner les zones inondables, c'est faire le lit des inondations.

Jean-Paul Kauffman a remonté la Marne jusqu'à sa source et en a fait un livre,
publié en février dernier chez Fayard. 
Il a pu constater les dégâts de l'urbanisation. 

"La Marne est une rivière particulièrement matraquée. Parfois, comme les êtres vivants, elle a envie de se venger. Elle n'aime pas ça."

Son ami, notre ami Philippe Chaffanjon, ancien directeur de France Info qui vient de nous quitter n'en pensait pas moins. Son village de Couthures qui s'est souvent retrouvé isolé par les crues de la Garonne, propose à ses visiteurs des animations et expositions
interactives sur le phénomène des crues
 d'hier et de demain. Comme Philippe l'aurait dit : "ça vaut le détour" .

 

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