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"Cold Cases, le combat des familles" (4/6) : double meurtre au stand de tir de Brest, l'ombre de l'armée
"Il y a une déchirure et on ne la referme pas" : pris de sanglots, la voix tremblotante, Julien Picard peine à terminer ses phrases. "Pour moi, c'est une question de vérité, de savoir pourquoi Monsieur Creton et mon père ont été abattus froidement ce jour-là." Julien Picard est l'un des enfants de François Picard, 52 ans, tué octobre 1996 dans un stand de tir à Brest. Tout comme Pol Creton, 32 ans. Seul point commun des deux hommes : ils étaient adhérents du stand de tir.
L'enquête est d'abord confiée à la gendarmerie, puis cinq ans plus tard à la police judiciaire de Brest. Plusieurs pistes sont explorées. Ont-ils fait une mauvaise rencontre ? Leur meurtre est-il lié à des dealers ou des toxicomanes ? Ces pistes ne donneront rien. Une autre piste fait alors surface, les enquêteurs s'intéressant aux activités militaires du Colonel François Picard. Son rôle de pharmacien chimiste dans la marine a-t-il un lien avec le double meurtre ? En particulier ses activités de surveillance de la radioactivité en rade de Brest ou son ancien poste en Polynésie au moment de la reprise des essais nucléaires.
L'espoir que l'ADN puisse enfin parler
En co-saisine avec la police judiciaire, la cellule Diane de la gendarmerie a repris le dossier. Les familles ont pu rencontrer des enquêteurs dans le bureau de la juge d'instruction brestoise en mars 2024. Avec l'espoir que l'ADN puisse enfin parler, alors que deux empreintes ont été retrouvées sur la scène de crime, une fougère et un mégot. "Jusqu'à mon dernier souffle, je me battrai pour que la vérité puisse éclater dans le cadre de cette affaire", assure Me Bertrand Labat, avocat au barreau de Brest.
De son côté, la Marine nationale assure que concourir "à faire la lumière sur cette affaire en coopérant avec les différentes parties prenantes de l’enquête, notamment pour pouvoir apporter des réponses aux familles endeuillées de François Picard et de Paul Créton". Elle indique cependant ne pas pouvoir s'exprimer davantage, l’instruction étant toujours en cours.
Pour Julien Picard, "c'est la vérité qui permet à l'esprit d'être, de s'apaiser. Il peut toujours y avoir une douleur, mais l'esprit s'apaise." Pour son oncle Jean-Claude Picard, si l'enquête se terminait par un non-lieu, ce serait comme si François Picard "était enterré une deuxième fois".
"Cold cases : le combat des familles", un podcast original franceinfo du service police-justice de franceinfo, à retrouver sur le site de france info, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
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