Budget de l'ONU : les conséquences des retards de paiement des États membres

Il est courant que des États ne règlent pas leur contribution aux Nations unies, mais le nombre de crises mondiales met aussi le budget de l'organisation à mal. Cela affecte aussi bien le fonctionnement interne que les appels aux dons pour l'aide humanitaire.
Article rédigé par Jérémie Lanche
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège à New York, États-Unis, 27 septembre 2024. Photo d'illustration. (SARAH YENESEL / EPA)

Les Nations unies taillent dans les dépenses à tout-va pour tenter de boucler l’année. Sur 193 membres, à peu près 140 États respectent les règles. En ce lundi 30 septembre 2024, ils sont 128 à le faire. Depuis au moins 25 ans, jamais les Nations unies n’ont reçu toutes les contributions des États avant le 31 décembre.

Payer tardivement pour manifester son mécontentement

Si un pays ne règle pas toute son obole pendant deux ans, il perd son vote à l’Assemblée générale. C’est arrivé plusieurs fois à l’Iran ces dernières années. Mais au final, tout le monde fini par payer, même en retard. Le problème se pose quand les retardataires sont les États-Unis ou la Chine.

Ces deux États sont de loin les deux plus gros contributeurs au budget de l’ONU. Or, depuis quelques années, ils traînent particulièrement des pieds pour payer. Ils le font bien souvent pour des raisons politiques, quand ils estiment qu’ils ne sont pas bien traités par l'ONU.

C’était particulièrement le cas sous la présidence Trump, ce qui a obligé l’ONU à faire les fonds de tiroir pour économiser ses frais de fonctionnement. Concrètement, les nouvelles embauches sont gelées, certains bâtiments à Genève ne sont plus chauffés, ou les escalators sont hors service. Parce qu’il n’y a pas de petites économies, le four à pizza de la cantine a même été arrêté près d’un an. Si cela peut faire sourire, c’est finalement une manière très pratique de rappeler aux diplomates qui viennent se restaurer qu’il faudrait peut-être passer à la caisse.

Des appels aux dons très coûteux

Au-delà des problèmes de trésorerie de l’institution ONU, le manque d'argent touche également cruellement le cœur d’activité des Nations unies - le maintien de la paix et l’humanitaire - à cause des crises qui se multiplient. Les sommes nécessaires sont tellement énormes que les budgets disponibles sont surtout destinés à faire des campagnes d'appel aux dons.

Ce budget est d'un peu plus de 3 milliards d’euros. Cela ne représente même pas la moitié de celui du ministère français des Affaires étrangères. Rien que les opérations de maintien de la paix coûtent le double, mais ce qui coûte le plus cher sont les projets humanitaires, financés uniquement par des dons.

En 2024, l’ONU a demandé 46 milliards de dollars pour aider 181 millions de personnes dans 72 pays. Autant dire que l’ONU est très loin d’avoir récolté cette somme. L’appel le mieux financé concerne la Centrafrique avec un peu plus de la moitié de l’argent reçu. Toutes les autres crises sont en dessous, y compris pour la Syrie, avec seulement 25% pourvus des 4 milliards requis pour aider les civils.

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