Chili : la culture de l'avocat accusée d'assécher les cours d'eau
Après l’Argentine et le Brésil, où il a participé au G20, Emmanuel Macron est arrivé mardi 19 novembre 2024 au Chili, où il va rester deux jours. Le pays andin est le troisième partenaire commercial de la France en Amérique Latine et il exporte principalement des matières premières comme le cuivre, mais aussi des produits de la mer, du vin ou encore des avocats. La France fait partie des pays européens qui en consomme le plus. Or, la culture de l’avocat consomme de l’eau et la sécheresse frappe le pays depuis plus de 10 ans.
C’est surtout dans le centre du Chili que la sécheresse se fait le plus ressentir. C’est aussi à cet endroit que se trouve une grande partie des cultures d’avocats. Sur les flancs des montagnes, autour des villages semi-arides, on voit parfois apparaître de grandes étendues vertes qui contrastent avec les ruisseaux et autres rivières presque, ou totalement, sèches. Dans ces villages, plusieurs habitants se souviennent de l’époque où il y avait encore de l’eau. "On se baignait dans la rivière, on arrosait les arbres fruitiers", racontent-ils. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux se font livrer l’eau par des camions-citernes pour faire face à la pénurie.
100 000 litres par jour pour un hectare
Il est difficile d'affirmer qu'il y a un lien entre le manque d'eau et les cultures d'avocat, car le réchauffement climatique a aussi ses conséquences avec la sécheresse. Mais ce que les habitants ont constaté, c’est qu’avec l’installation de grandes plantations d’avocats, à la fin des années 90, les cours d’eau ont commencé à diminuer.
Les pieds d’avocats consomment beaucoup : 400 litres pour produire un kilogramme, selon le Comité des avocats du Chili – qui se base sur un rapport du ministère de l'Agriculture. Ce serait en réalité bien plus, estiment certaines organisations de défense de l’environnement, comme WaterAid qui évalue à 100 000 litres d’eau par jour pour arroser un hectare, ce qui équivaut à la consommation journalière de 1 000 personnes.
Des titres de propriété sur l'eau
Au Chili, la réglementation sur l’usage de l’eau est assez particulière depuis la dictature de Pinochet. La Constitution écrite en 1980 – toujours en vigueur – autorise les particuliers à posséder des titres de propriété sur l’eau. Donc, au Chili, on peut être propriétaire d’une certaine quantité d’eau. Ces droits sur l’eau étaient autrefois délivrés par l’État à tour de bras. Aujourd’hui, c’est un peu plus régulé. Mais on peut toujours vendre ou acheter ces titres de propriété déjà existants.
Ce système profite davantage aux grandes entreprises agricoles qui ont les moyens d’acheter des droits sur l’eau, de creuser des puits profonds, ou encore de capter l’eau des rivières. Les habitants dénoncent un accaparement de l’eau. Pour l’année à venir, les producteurs d’avocats projettent d’augmenter leur production, dont près des trois-quarts s’exportera vers l’Europe.
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