Industrie automobile : l'UE s'apprête à relever les taxes pour les voitures chinoises, mais a surtout besoin d'investissements

Les 27 États-membres de l’Union européenne s’apprêtent à voter vendredi pour confirmer le relèvement des droits de douane appliqués aux voitures électriques chinoises. Une solution prônée par la Commission européenne appuyée par la France.
Article rédigé par Fabien Cazeaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Deux modèles du constructeur automobile chinois BYD sur le port de Bremerhaven, en Allemagne, en février 2024. Photo d'illustration. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

Les véhicules électriques produits en Chine et vendus en Europe sont accusés de concurrence déloyale par Bruxelles. Malgré les menaces de Pékin, l'UE s'apprête à confirmer, vendredi 4 octobre 2024, l'augmentation des droits de douane appliqués à ces véhicules, de 10% à 38% pendant cinq ans. Comme la France, d’autres pays comme l’Italie, la Pologne et la Grèce devraient également se prononcer pour.

Le vote, qui aura lieu vendredi 4 octobre, devrait donc "passer", se réjouissent les diplomates de plusieurs pays qui soutiennent la proposition de la Commission européenne. La mesure sera soutenue par les pays qui considèrent que l’industrie automobile européenne - qui représente plus de 14 millions de salariés - doit être davantage protégée. En face, d’autres pays, comme l’Allemagne ou l’Espagne, s’inquiètent des représailles chinoises et craignent de futures difficultés à l’exportation pour leurs propres produits.

Mais à défaut de rallier une majorité contre ces nouveaux droits de douane, l’Allemagne devrait finalement s’abstenir, espérant pouvoir pousser dans un second temps pour une solution négociée entre Bruxelles et Pékin. Par exemple, l’instauration d’un prix plancher en Europe viendrait annuler une bonne partie des subventions perçues en Chine par les constructeurs, qui leur permettent des prix de vente très bas.

L’adoption probable de nouveaux droits de douane vendredi ne signera donc pas pour autant le début d’une nouvelle guerre commerciale, mais plutôt l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations, qui devrait se prolonger dans les prochains mois.

Des enjeux commerciaux mais aussi industriels et sociaux

Les principaux enjeux de ce vote et de futures discussions sont d'abord commerciaux, bien sûr. La Chine représente le 3e marché à l’export pour l’Union européenne, après les États-Unis et la Grande-Bretagne. Les Européens ne peuvent donc pas se priver de ce débouché. Pour la très puissante industrie automobile allemande, c’est même le premier marché mondial. Les constructeurs allemands réalisent environ un tiers de leurs ventes en Chine et, depuis des décennies, les exportations vers la Chine ont été un moteur considérable pour la première économie européenne.

Mais il y a aussi des enjeux industriels, et donc sociaux. On l’a vu en septembre, à Bruxelles, avec une grande manifestation organisée par les salariés de l’automobile et la grève dans une grande usine de voitures électriques, Audi, qui emploie 3 000 personnes et fait travailler 1 200 sous-traitants. Les voitures électriques européennes sont chères et ont du mal à s’écouler. Donc l’arrivée de voitures chinoises, voire d’autres marques fabriquées en Chine, comme les Tesla d'Elon Musk à moindre coût, finit par avoir des répercussions sur l’activité industrielle et donc sur l’emploi en Europe.

L'industrie européenne a surtout besoin d'investissements massifs

Si on peut dire que la Chine a déjà gagné la bataille, personne ne veut se montrer défaitiste à Bruxelles. Parallèlement au vote, les discussions avec Pékin continuent. Le ministre chinois du Commerce est venu rencontrer son homologue le Commissaire européen au Commerce mi-septembre. D’autres rencontres devraient avoir lieu dans les prochaines semaines, et le changement de commissaire attendu en fin d’année ne devrait rien y changer.

Outre l’instauration d’un prix plancher en alternative au relèvement des droits de douane, d’importantes décisions attendent le futur exécutif européen sur le mur d’investissements qui vise à rendre l’industrie européenne plus compétitive. C’est le sens du rapport présenté par l’ancien patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, en septembre 2024. Mais on voit mal comment ces besoins pourraient être financés autrement que par un emprunt commun au niveau européen, ce qui est loin de faire consensus parmi les États-membres.

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