Italie : l'extrême droite veut faire de la GPA un "crime universel" passible de prison
En France et dans de nombreux pays, la gestation pour autrui est déjà interdite. C'est le cas également en Italie, mais avec l'extrême-droite au pouvoir, le pays va plus loin et s’apprête à faire de la GPA un "crime universel". Une nouvelle loi arrive mardi 15 octobre au Sénat, l’idée est de punir les Italiens qui font appel à une mère porteuse à l’étranger.
Depuis maintenant 20 ans, il est interdit d’avoir recours à une mère porteuse ou d’en être une, sur le sol italien exclusivement. Désormais, l’interdiction va être étendue à tous ceux qui reviennent avec un enfant qu’ils ont eu par GPA en dehors du territoire italien, dans les pays où elle est autorisée ou tolérée, comme aux États-Unis, au Brésil, en Grèce ou encore en Belgique. C’est le parti d'extrême droite de Giorgia Meloni qui a présenté ce texte qui devrait donc être approuvé dès cette semaine. Au nom du respect des femmes, la nouvelle loi définit la GPA à l’étranger comme un "crime universel". Juridiquement, le fondement est douteux, mais symboliquement, l’expression met la gestation pour autrui dans le même sac que le génocide, la torture et le terrorisme.
Une nouvelle attaque contre les familles LGBT
Une loi qui pique au vif les familles concernées en Italie. Elles sont à nouveau dans la rue à Rome mardi, devant le Sénat qui examine donc ce texte. C’est "une loi de propagande qui criminalise" ceux qui veulent devenir parents par mère porteuse, critiquent des associations comme celle de Filomena Gallo, qui défend les droits individuels et accompagne ces familles. "À leur retour en Italie, des familles qui ont eu un enfant grâce à la GPA dans des pays où c’est légal et encadré vont devoir affronter ici une procédure pénale, à cause de cette loi qui prévoit de trois mois à deux ans de prison et de 600 000 à un million d’euros d’amende, explique-t-elle. C’est un message clair contre les couples d’hommes et les personnes qui ne peuvent pas tomber enceinte".
L'idée est donc de dissuader d'avoir recours à la GPA à l’étranger, par des peines lourdes. Mais l'inquiétude, surtout, porte sur les enfants qui ne seraient pas reconnus à leur retour en Italie. L'interdiction plus stricte de la GPA est considérée comme une nouvelle attaque contre les familles LGBT. En effet, ce n’est pas le premier fait d’armes du gouvernement de Giorgia Meloni dans cette bataille idéologique. L'an dernier, le ministre de l'Intérieur d’extrême droite a envoyé une circulaire à toutes les municipalités, pour bloquer les actes de naissance des enfants de familles homoparentales. Même si finalement, la mesure a été retoquée par un tribunal à Padoue pour 35 enfants qui ont eu droit d’avoir leurs deux mamans sur l’état-civil, ce sont des pas de plus dans la croisade anti-LGBT, qui n’est pas une surprise non plus. Après deux ans bientôt tout pile au pouvoir, Giorgia Meloni continue de faire son beurre sur les sujets de société, pour imprimer sa patte, toujours plus loin dans le conservatisme.
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