"Si on s’engage à avoir trois enfants, les crédits se transforment en dons" : en Hongrie, le gouvernement Orban soutient la natalité à grands moyens

Le Premier ministre Viktor Orban a mis en place des mesures généreuses pour encourager les Hongrois à faire plus de bébés. Un modèle dont veut s’inspirer l’équipe de Donald Trump aux États-Unis. Marton et sa femme ont bénéficié de ces aides.
Article rédigé par franceinfo - Florence La Bruyère
Radio France
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Temps de lecture : 4min
En Hongrie, les mesures gouvernementales veulent favoriser le logement des grandes familles, mais elles comportent des limites. (WESTEND61 / WESTEND61/ GETTY)

Face à la baisse de natalité qui touche de nombreux pays européens - dont la France, la Hongrie a pris le problème à bras-le-corps. Le gouvernement Orban a mis en place des crédits immobiliers très avantageux, pour acheter un logement, ou pour faire construire, ou agrandir une maison dont on est déjà propriétaire.

Marton a 34 ans, il est chercheur en physique dans un institut d’État. Sa femme est médecin généraliste. Non seulement, ils ont obtenu un crédit immobilier pour faire agrandir leur petite maison, mais ils ont aussi décroché un 2e crédit, qui s’appelle le "prêt Bébé". À l’époque, ils avaient deux enfants et il a fallu signer un contrat avec l'État.

De l'argent gratuit et des réductions fiscales

Dans ce contrat qui permettait d'obtenir ce nouveau prêt, ils s’engageaient à avoir un 3e enfant, comme l’explique Marton : "On a eu le 'prêt Bébé', c’est environ 25 000 euros. Ça s’ajoute au prêt de 25 000 euros, qui s’appelle "Tchok". Le prêt Bébé, on peut le dépenser comme on veut. Mais le Tchok, c’est seulement pour acheter ou construire un logement. Et si on s’engage à avoir trois enfants, les crédits se transforment en dons."

Au total, Marton et sa femme ont donc reçu 50 000 euros, ce qui a financé la moitié de leurs travaux. Et les deux prêts ont été effacés par l’État. Le couple n’a pas eu à les rembourser puisqu’il a eu un 3e enfant. Et ce n'est pas tout. Aujourd’hui Marton et sa femme viennent d’avoir un 4e enfant : ils ont droit à tellement de réductions fiscales qu’ils ne paient plus du tout d’impôts.

Tout cela coûte évidemment très cher à l’État. Cela fait 10 ans que le gouvernement a mis en place ces mesures très généreuses, qui représentent 5% du PIB : soit deux fois plus que le budget de la défense.

Une population qui continue de diminuer

Pourtant, les résultats ne sont pas vraiment au rendez-vous. Le nombre de naissances a un peu augmenté au début, avant de retomber à 1,3 enfant par femme, ce qui est moins que la moyenne européenne. Tous les mois, il y a plus de décès que de naissances et la population hongroise diminue : elle est passée de 10 millions à 9,6 millions d'habitants.

Si cette politique si généreuse ne marche pas, c'est d’abord pour une raison scientifique : aujourd'hui il n’y a tout simplement pas assez de femmes en âge d’avoir des enfants. La deuxième raison est que ces cadeaux du gouvernement Orban ne sont pas pour tout le monde. Il y a beaucoup de conditions à remplir – un peu trop, selon Eva Fodor, professeur à l’Université d’Europe centrale : "Il faut être salarié, avec un contrat de travail, et avoir un certain niveau de salaire. Beaucoup de familles pauvres n’ont droit à rien, parce que leur job n’est pas déclaré." Les cadeaux du gouvernement sont donc pour les couples qui payent des impôts, pas pour les pauvres.

Si le nombre de naissances baisse, c’est aussi parce que le gouvernement hongrois ne finance pas assez l’éducation ou la santé. Il manque des dizaines de milliers d’enseignants dans le public, et des milliers de soignants dans les hôpitaux. Quand un patient est hospitalisé, il doit tout apporter : le coton, les pansements, et même le papier toilette. C’est dire à quel point les hôpitaux sont démunis. Cette situation incite des jeunes couples à quitter la Hongrie, pour avoir des enfants dans un pays où l’école et les hôpitaux fonctionnent bien.

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